Chers Ombre en plein jour, Didiersksr, KGB et autres camarades lecteurs, bonjour à vous
Comme promis, voici le compte-rendu de cette première approche de travail auprès d’Olivier Boutonnet (Wude men).
1/ Le cadre d’abord...
Comme décrit précédemment, je l’ai déjà contacté pour prendre la température et connaître ses tarifs. Puis, lors d’un second contact, cette fois-ci pour définir une date, voici ce qu’il me répond :
« Je me trouve actuellement au nord de l’Écosse. Sauf si vous souhaitez venir jusque là, nous pourrons nous voir en France à la mi-août, courant septembre ou au début du mois d’octobre. »
Chiche !
Je dois aller en Écosse depuis longtemps voir un bon ami qui travaille à Édimbourg et j'ai quelques économies de côté, c’est l’occasion ou jamais de faire les deux. Je le lui dis pour voir si sa proposition était sérieuse
. Surpris sans doute, il me répond cependant que je suis le bienvenu et qu’il peut m’offrir le gîte et le couvert pour deux soirs (afin d’assurer une journée de travail complète)
. Quelques jours se passent avant que je le rejoigne.
J'arrive en fin d’après-midi. Nous passons la soirée à partager nos expériences réciproques
. Il a un riche parcours, c’est le moins qu’on puisse dire, c’est vraiment passionnant. Je découvre un monsieur aussi gentil que rigoureux, modeste et à l’écoute des autres. Sa petite famille aussi est vraiment sympa. Bref, je suis très bien accueilli.
Le lendemain matin, nous commençons la pratique sur les bords d’un loch superbe (dans lequel nous nageons en fin de journée) avec des phoques pour seuls spectateurs
. C’est extraordinaire, venteux, parfois pluvieux, mais extraordinaire !! (A ce souvenir s’ajoute celui d’un délicieux coffee cake dans un salon de thé non loin de là
)
2/ Le vif du sujet ensuite !Olivier Boutonnet m'a proposé, comme première approche, de travailler des principes fondamentaux pour optimiser ma propre pratique. Selon lui, les seules techniques « emprisonnent et éloignent de la réalité », tandis que les principes sont « libérateurs » et permettent une meilleure adaptabilité aux situations réelles, ce que je crois volontiers.
J’avais demandé deux séances (3h chacune) ainsi réparties : mains nues pour la première et couteau pour la seconde. Le soir venu, nous avions tous deux envie de remettre ça, nous avons à nouveau bossé deux heures (il ne m’a pas fait payer cette séance supplémentaire - c'était pour avoir fait le voyage m'a-t-il dit).
Il a d’abord attiré mon attention sur des corrections à apporter sur ma façon de pratiquer
. En voici quelques unes :
- Éviter le travail en force qui nuit à l’explosivité, à la réactivité et à l’adaptabilité dans l’action.
- Lier davantage les différentes parties du corps dans l’action et le déplacement, cultiver en fait une cohérence et une unité cinétiques.
- Limiter les ouvertures offertes à l’adversaire en utilisant mieux les coudes.
- Utiliser davantage les épaules en protection.
- Éviter l’effet tunnel dans l’action qui a pour triste conséquence de faciliter le contre.
En ce qui concerne les principes, il m’a donné des clés pour améliorer :
a/ La perception selon deux axes : d’abord, bien comprendre que sur une attaque soudaine et résolue, surtout si elle est au couteau, tout (ou presque tout) se joue dès la première seconde, dès « l’amorce » comme il dit. Il ne faut donc pas rater cette étape et profiter au mieux de l’instant pour déclencher sa réaction. Le premier axe concerne donc la perception des stimuli d’attaque. Le second axe, lui, concerne la perception de contact en mouvement dans la suite du combat engagé
. Nous l’avons en particulier travaillé sur le suivi de la lame.
b/ L’intention. Parce que percevoir, c’est bien, mais cela ne suffit pas, il faut réagir en conséquence, débarrassé de toute inhibition. Nous avons donc travaillé l’intention de manière très explosive en sollicitant ce qu’il appelle « l’énergie du désespoir » (il m’a fait sortir des choses que je n’imaginais même pas avoir, une agressivité spontanée que je ne soupçonnais pas) et d’une manière très détendue avec ce qu’il appelle « l’explosion immobile et décontractée » - étonnant là aussi. Cela m’a ouvert de nouveaux horizons…
c/ La prise en compte du mouvement. Pour lui, on a trop tendance à travailler en statique et à oublier que l’adversaire met du poids et bouge violemment, notamment s’il est paré ou saisi ; il tente avec rage de se défaire. Avec un couteau, cela ne pardonne pas et sans parler des déplacements (parfois brutaux et asymétriques) qui se posent dans la réalité. C’est vrai que la démonstration est plus que convaincante, pour ne pas dire fulgurante. Cela remet en perspective ce que j’avais pu travailler jusque là dans ce domaine, même en kali silat (où en comparaison cela ressemblait parfois plus à des chorégraphies). Cet aspect lui tient beaucoup à cœur, il a compris et systématisé de sa propre expérience de la violence au couteau. Il m’a d’ailleurs précisé la chose suivante : « le couteau est cauchemardesque car il laisse peu de place à l’approximation et ouvre des plaies affreuses
. Et si l’adversaire ou la victime ne s’écroule pas immédiatement, parfois ne se rendant même pas compte qu’il/elle a été touché/e (exemples à l'appui, même sur une pique perforante dans l’abdomen), les blessures, s’il/elle survit, resteront traumatisantes… »
d/ Les principes du couteau dont ceux que l’on aborde moins souvent, notamment sa dangerosité sur la phase de retour qui, selon lui, est trop souvent délaissée dans les formations alors qu’elle demeure très importante en réalité, elle est logiquement liée à la réalité du mouvement énoncée ci-dessus. Il y a aussi les (gros ! gros !) problèmes que pose la saisie du membre armé et bien d’autres encore…
Enfin, il m’a fait travailler (intelligemment) sur lame réelle pour améliorer l’implication dans l’action, mais une implication « détachée » (sic) qui permet de mieux gérer la dangerosité de la lame sans qu’elle soit inhibitrice ou obsédante car le reste doit aussi agir comme si tout ne faisait qu’un.
Voilà dans les grandes lignes. Pardon pour l’aspect un peu décousu et sans doute peu clair par endroits…
Ce fut un stage très dense, parfois éprouvant, mais ô combien mémorable. J’ai découvert là un pratiquant qui tient vraiment la route et un prof excellent (qui partage plus qu’il ne vend) dont j’ai envie de recevoir un enseignement plus global. En travaillant avec lui, j’ai compris qu’il avait réussi à marier l’héritage traditionnel et les contingences de la réelle violence de rue (ou d’autres théâtres de combat). Or, c’est précisément ce que je cherchais depuis longtemps ! Je vais donc poursuivre selon le même format.
Bien à vous.
thorir
PS :
Pour info, il envisage de donner un stage en région parisienne à l'automne, en octobre probablement. A suivre !
Quant aux 60 heures, cher Didiersksr, il doit y avoir un malentendu, car il ne voit pas de quoi tu parles. Et j'ai regardé, moi non plus à vrai dire... Si tu peux préciser où tu as trouvé cela que l'ambiguïté soit levée, merci d'avance !