""La technique de déplacement est souvent mal interprétée et mal
comprise. Je cite un passage d'un article paru dans la revue « Karaté
mensuel » au Japon il y a quelques années.
S : Lorsque je m'exerçais au combat avec mon maître, il me disait de
frapper le visage. Mais j'ai été incapable de discerner où était son
visage.
Y : C'est parce qu'il bougeait rapidement ?
S : Oui. Je voyais trois visages en face de moi. J'ai été incapable de
discerner lequel était le vrai.
Y : Parce qu'il bougeait à droite et à gauche ?
S : Oui. Bien qu'il ait été en face de moi, j'ai été incapable de
faire face à la menace que je ressentais puisque je ne pouvais
distinguer le vrai du faux. Mais, mon maître m'a dit : « Lorsque je
m'exerçais avec mon maître défunt, j'avais l'impression qu'il avait
sept visages. »
Le Maître bougeait si rapidement que son élève avait l'impression
qu'il avait sept têtes ? Que veut dire cette situation ? Je vais
approfondir cette réflexion prochainement. Je me limite pour l'instant
au point essentiel.
Le Maître a certainement bougé rapidement. Mais la vitesse d'un
mouvement humain a une limite. Nous devons comprendre avant tout qu'il s'agit d'une application de technique de déplacement. Le déplacement n'est pas fait uniquement pour éviter une attaque de l'adversaire.
Dans le cas présenté ci-dessus, il s'agit d'une technique pour
perturber la perception de l'adversaire. Si celui-ci voit sept visages
là où il n'y en a qu'un seul, c'est parce que sa perception est
perturbée, tel est le but de technique de déplacement. Ce n'est pas
uniquement une conséquence de la rapidité, mais aussi du changement
des cadences, des angles du corps, de la distance, et aussi du
placement des mains... Tous ces éléments fonctionnent ensemble pour
perturber votre perception. Alors, il vous semble voir sept visages là
où il n'y en a qu'un seul...
Il ne suffit pas de frapper avec vitesse et force. Il faut avant tout
désarmer l'adversaire, il faut diminuer ses ressources, il faut le
perturber à un point tel qu'il ne puisse plus discerner le vrai du
faux : tel est le but de cette technique de combat.
C'est ce que nous recherchons dans l'exercice du déplacement
circulaire que nous sommes en train d'étudier.
Le kikô et le tai-chi-chuan
Nous allons nous exercer comme d'habitude aux 5 kata du Shôshûten
partiel et global.
Pour le tai-chi-chuan, nous appliquons les Shôshûten partiels sur des
schémas techniques. S'y ajoutent des exercices de respiration.
Je dirais que le but essentiel de la pratique du tai-chi-chuan est
de se former au corps du tai-chi. Que veut dire corps du tai-chi ?
S'exercer au tai-chi ne signifie pas faire simplement des séries de
mouvements qu'on appelle le tai-chi-chuan.
L'exercice du tai-chi revient avant tout à former le corps qui peut s'activer en suivant le principe du tai-chi. Cela revient à activer les parties yin et yang du corps de sorte qu'elles puissent former une complémentarité dynamique. En effet, si on ne sait pas activer le corps de cette façon, commentpeut-on dire qu'on pratique le tai-chi-chuan ?
Cette mobilité doit se manifester dans tous les gestes à partir du
tronc . C'est là le premier problème (et obstacle) pour beaucoup de
personnes qui pensent que la pratique du tai-chi-chuan signifie
s'exercer aux séquences de ce qu'on appelle le tai-chi-chuan....
Nous pratiquons le tai-chi-chuan comme le kikô dynamique.
Texte écrit par Me Kenji Tokitsu