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Forums généraux => Arts martiaux / Sports de combat => Budo => Discussion démarrée par: Vautour le avril 07, 2016, 16:22:32 pm

Titre: Le rapport à la ceinture.
Posté par: Vautour le avril 07, 2016, 16:22:32 pm
Bonjour à tous,

Question bête :
Pour vous, pratiquants de sports assimilés au Budo, que représente la ceinture ?

De prime abord, évidemment, une méthode de hiérarchisation : or ne peut-on pas douter de la pertinence d’une telle méthode ? A quoi la hiérarchisation sert-elle ?
Dans l'armée, le grade est présent pour que chacun sache quelle est la place dans la structure, reçoive et donne les ordres selon où il se situe.

Pour autant, au Budo, le maître est maître parce qu'il enseigne et insuffle un respect inhérent à sa personne. Il est celui qui sait, qui a appris, patienté, et souhaite partager son savoir. Or si ce respect des anciens nécessite des « dan », n'est-ce pas que ce respect a perdu de son essence ? De même, pour le pratiquant, soit il n'accorde pas d'intérêt à l'obtention de la ceinture, et celle-ci semble désuète; soit il lui accorde de l'intérêt, en tire de la fierté, et par-là gonfle un ego qui ne devrait, au contraire, pas être privilégié dans le Bushido, par tout ce qu'il implique.

Ensuite, au-delà même de ce système militarisant, ou plutôt en son sein, il y a les méthodes d’évaluation pour progresser dans cette hiérarchie.
Certains critiquent l’obtention par des adolescents faiblards qui ne feraient pas le poids face à des « blancs » plus vieux ; mais plus encore, il y a le respect du code comme principe de vie qui semble totalement mis de côté.

Et ne parlons pas d'un certain type de corruption.

Pour rendre la question honnête je précise ma situation :

Il y a peut-être une rancoeur et un regret inconscients qui motivent cette réflexion, mais j'essaye le plus possible de m'en détacher et je ne crois pas qu'elles m'influencent désormais.

En effet, tout d'abord, il me manquait une année avant mon passage de marron, et je me souviens qu'elle était mon suprême objectif, la porte de bronze, la première étape. Je voyais la ceinture, le bandeau, l'étendard, et non vraiment l'acheminement. Et, finalement, heureusement que je ne l'ai pas passée, car je me rends compte comme il était illusoire de ma part de la considérer ainsi comme la récompense de mon "service".

Aussi, je me souviens très bien que dans mon dojo, les plus gradés de ma tranche d’âge étaient certes les plus puissants ; mais se moquaient régulièrement des non-gradés, dans le dojo ou ailleurs.


Ceci étant, ces questions et réflexions sont le fruit de ma seule expérience, dans le Shotokan, à prendre donc avec des pincettes. Je ne les pose pas comme des vérités générales, mais plutôt des postulats personnels sujets à contradiction.
Titre: Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: nipaipo le avril 07, 2016, 17:33:51 pm
vaste sujet...

tout d'abord, on peut dire qu'il y a toujours eu une forme de hiérarchisation dans les écoles, même si elle se présentait de manière fort différente...d'abord à cause du rapport sempai/kohai, ensuite par le système des menkyo kaiden, enfin par le système des uchi-dechi/soto-dechi... c'est humain et nécessaire...

reste que l'instauration du système dan/kyu et des ceintures multiples(deux choses assez récentes) n'a sans doute pas été qu'un bien et la prise de contrôle de la chose par des instances fédérales(encore plus récente), donc la mise à l'écart rapide du prof, n'a sans doute rien arrangé...
par principe, le système fédéral, qui considère qu'un collège d'individus, dont une part non-négligeable(en général, au moins les 2/3) ne pratiquent pas ton style, sont plus indiqués que ton prof, pour juger de ton niveau, donc ta progression dans l'apprentissage de ton école...c'est déjà particulier...surtout que ça revient à briser la tradition alors qu'on vend du slogan "traditionnel" à tous va...

beaucoup de professeurs vivent avec l'idée que la ceinture est la carotte rêvée pour leurs élèves, surtout jeunes...se serait la seule chose susceptible de les faire rester dans leur cours et ils leur vendent la chose comme telle, consciemment ou non.... ça ne peut qu'amener à un certain nombre de dérives...
c'est une forme d'illusion, parce qu'il n y a pas de raison qu'un cours d'AM ne puisse s'en passer, là ou n'importe quel sport occidental, collectif ou non, y arrive très bien...
c'est aussi un constat d'échec terrible, parce que si seule l'appât de la ceinture, amène un élève à rester dans le cours, c'est que le cours en lui-même, son contenu et la manière de le transmettre, ne sont manifestement pas très intéressants...

les dérives ne tiennent pas qu'aux ceintures(d'ailleurs il y a d'autres formes de dérives), mais aussi et avant tout au rapport qu'entretient le prof à ce genre de choses, rapport qui est souvent déviant pour beaucoup d'autres choses dans le cours...tu parlais de l'attitude de certains élèves? on a les élèves qu'on mérite...
Titre: Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: niveau 2 le avril 07, 2016, 17:57:55 pm
Je ne crois pas que l'on a les qu'on mérite, mais plutôt des élèves qui nous ressembles.  ;-)p
Titre: Re : Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: nipaipo le avril 07, 2016, 18:44:56 pm
pas toujours les élèves qui nous ressemblent, parce que le rapport enseignant/élève peut se matérialiser de bien des manières(dans les pires cas en "dominant/dominé"...)....mais il y a clairement une part de mérite...

-en terme de niveau des élèves, parce qu'un bon enseignant devrait amener ses élèves à maximiser leur potentiel(on peut pas faire des élites avec tout le monde, mais on peut amener la plupart à un niveau minimal) et les tenir à l'écart des égarements
-en terme d'assiduité, parce qu'on bon enseignant devrait amener une émulation suffisante pour que rares soient les absents
-en terme de moralité, parce qu'un cours exigent et bien cadré, devrait amener un écrémage de l'effectif...

 c'est pas toujours que le prof est un mauvais pratiquant, ça peut être une pointure, mais être capable de "faire" est une chose très différente d'être capable de "transmettre un savoir-faire"...
Titre: Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: bokken le avril 07, 2016, 22:10:06 pm
Finalement le système de kyu-dan est assez récent dans les arts martiaux. Il date de la réutilisation de J. Kano (fondateur du Judo) du même système pour le Judo et permettre de classer les judoka. Une notion relativement différente de ce qui existait dans les AM (le système de menkyo kaiden) puisque le kyu-dan mesure une sorte de niveau individuel (d'où la difficulté à garder quelquechose d'objectif inter-style), là où les menkyo-kaiden représentaient un niveau de capacité à enseigner/transmettre (individu vs transmission de la tradition). Ensuite on n'a fait que multiplier les déclinaisons de la carotte (ceinture de couleurs, demi-ceintures, ...) sans que la fonction d'étalon du kyu-dan gagne en clarté, bien au contraire.
Après on atteint même les dérives comme le terme Dan contrôlé ou que des disciplines non japonaises utilisent le terme Dan ou la notion de ceinture noire (venue tout droit du Judo. Pour rappel Dan est un terme purement japonais, un nom commun).

Pour revenir au message d'origine, il est très intéressant d'évaluer les notions de respect lorsqu'un kohai (plus jeune) devient plus gradé qu'un sempaï (ancien). Beaucoup d'anecdotes à ce sujet.

(Et encore je ne parle pas d'écoles où le seul maître-étalon est le résultat en compétition......)
Titre: Re : Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: nipaipo le avril 07, 2016, 22:54:34 pm
il est très intéressant d'évaluer les notions de respect lorsqu'un kohai (plus jeune) devient plus gradé qu'un sempaï (ancien).

c'est vrai, mais à ce jeu là, on a pas forcément besoin de tomber dans ce cas "caricatural"(réel certes), on peut parler tout autant des problèmes de respect dans le cadre plus classique du sempai âgé et du kohai plus jeune...comme disait brassens, "le temps ne change rien à l'affaire, quand on est c... on est c...

certains ont tendance à penser que l'ancienneté(l'expérience...nom qu'on donne à l'ensemble de ses erreurs passées...) ou le grade(pas toujours mérité d'ailleurs...c'est un des problème...) donne tous les droits, en oubliant que le respect est tout autant dû au kohai...

on impose pas le respect...on le gagne...on acquière sa stature, non pas l'autoritarisme, mais par l'exemple qu'on montre aux autres...
malheureusement, il est plus aisé de porter une ceinture et de prendre des grands airs, que d'être performant, disponible, à l'écoute et humain...
Titre: Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: didiersksr le avril 08, 2016, 16:25:23 pm
Question bête :
Pour vous, pratiquants de sports assimilés au Budo, que représente la ceinture ?

Relativement à ma discipline, la ceinture ou le grade sert essentiellement à indiquer l'avancement dans l'apprentissage et, dans une moindre mesure, la "maturation" du pratiquant.

Citer
Certains critiquent l’obtention par des adolescents faiblards qui ne feraient pas le poids face à des « blancs » plus vieux
Faire le poids en quoi ? Quelles sont les objectifs de la discipline ? Comment est construite l'évaluation ?
Si on parle d'exécution technique, un "plus vieux" est-il plus capable qu'un adolescent faiblard qui a la maîtrise de son corps alors qu'il se déplace comme un cochon ivre sur un étang gelé ?

Citer
A quoi la hiérarchisation sert-elle ?
Pourquoi un système d'évaluation des compétences doit-il créer un système hiérarchique ? Il y a d'autres manières d'appréhender une progression. Il y a fondamentalement à s'interroger sur l'état d'esprit qui est à l’œuvre dans une discipline : si celui-ci tend à assimiler compétence et positionnement, effectivement, un fonctionnement hiérarchique qui s'installe.
Dans l'autre sens, on peut considérer que tout pratiquant, quelque soit son grade, a nécessairement des connaissances ou des capacités plus étendues que les autres et utiles à l'apprentissage de chacun. Dès lors, chacun contribue au développement des autres. Un de mes élèves est médecin ; quand on va aborder une séquence approfondie sur l'anatomie, j'espère qu'il acceptera de prendre en charge cette partie car il y a toutes les chances qu'il soit plus compétent que moi sur ce domaine. Et cela ne remettra pas en cause mon rôle d'instructeur. Mais, en tout état de cause, aucun des deux n'est supérieur à l'autre, nous avons simplement des niveaux de progression différents.

Citer
Je voyais la ceinture, le bandeau, l'étendard, et non vraiment l'acheminement. Et, finalement, heureusement que je ne l'ai pas passée, car je me rends compte comme il était illusoire de ma part de la considérer ainsi comme la récompense de mon "service".

beaucoup de professeurs vivent avec l'idée que la ceinture est la carotte rêvée pour leurs élèves, surtout jeunes...se serait la seule chose susceptible de les faire rester dans leur cours et ils leur vendent la chose comme telle, consciemment ou non.... ça ne peut qu'amener à un certain nombre de dérives...

Ce n'est pas surprenant, quasi tous les systèmes d'éducation fonctionnement selon ce mode et ce dès le plus jeune âge : on utilise les ceintures comme les bon-points ou les notes à l'école. Au final, ce que l'on apprend a moins d'importance que le résultat. Pour faire gonfler le nombre de licences, on "adapte" des cours pour prendre des gosses à n'importe quel âge, on a du bébé judo ou du baby karaté. Et pour les garder, on invente des quarts de ceinture. L'une de mes connaissances a deux filles dans les 7-10 ans qui font du karate ; depuis les dernières vacances, elles ne veulent plus y aller parce que depuis le début de la saison elles n'ont pas passé de ceintures... Vaut effectivement mieux qu'elles arrêtent.
Il faut après voir le résultat que donne un pareil système. Si on jette un œil sur la répartition des licences selon l'âge dans les fédérations sportives, la situation est sans appel : après l’adolescence, les affectifs s’effondrent. La carotte n'a d'intérêt que tant qu'on croit qu'elle est due ; quand la réalité s'impose, tout le monde déserte car l'intérêt profond de la discipline n'a pas été inculqué.

certains ont tendance à penser que l'ancienneté(l'expérience...nom qu'on donne à l'ensemble de ses erreurs passées...) ou le grade(pas toujours mérité d'ailleurs...c'est un des problème...) donne tous les droits, en oubliant que le respect est tout autant dû au kohai...

Très juste, je n'ai jamais compris en quoi la vieillerie devait, par nature, être respectable.
Titre: Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: Vautour le avril 08, 2016, 16:49:50 pm
Citation de: didiersksr
Faire le poids en quoi ? Quelles sont les objectifs de la discipline ? Comment est construite l'évaluation ?
Si on parle d'exécution technique, un "plus vieux" est-il plus capable qu'un adolescent faiblard qui a la maîtrise de son corps alors qu'il se déplace comme un cochon ivre sur un étang gelé ?

Le "faiblard" puis le "mais plus encore" suggérait justement un certain dénigrement de ce raisonnement.

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Pourquoi un système d'évaluation des compétences doit-il créer un système hiérarchique ? Il y a d'autres manières d'appréhender une progression. Il y a fondamentalement à s'interroger sur l'état d'esprit qui est à l’œuvre dans une discipline : si celui-ci tend à assimiler compétence et positionnement, effectivement, un fonctionnement hiérarchique qui s'installe.
Dans l'autre sens, on peut considérer que tout pratiquant, quelque soit son grade, a nécessairement des connaissances ou des capacités plus étendues que les autres et utiles à l'apprentissage de chacun. Dès lors, chacun contribue au développement des autres. Un de mes élèves est médecin ; quand on va aborder une séquence approfondie sur l'anatomie, j'espère qu'il acceptera de prendre en charge cette partie car il y a toutes les chances qu'il soit plus compétent que moi sur ce domaine. Et cela ne remettra pas en cause mon rôle d'instructeur. Mais, en tout état de cause, aucun des deux n'est supérieur à l'autre, nous avons simplement des niveaux de progression différents.

Je ne tente pas de décrire les faits tels qu'ils devraient être, mais tels que je les ai perçus; et de mon expérience j'en ai tirée qu'il y avait un rapport de "pouvoir", de supériorité, des plus gradés vis-à-vis des non-gradés - d'où le "De prime abord".

Cette considération mise à part, l'avant et l'après sont plus importants : soit la réinterrogation de la méthode même d'évaluation et sa pertinence. En quoi serait-elle nécessaire ?
Titre: Re : Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: nipaipo le avril 08, 2016, 17:00:08 pm
Pourquoi un système d'évaluation des compétences doit-il créer un système hiérarchique ? Il y a d'autres manières d'appréhender une progression. Il y a fondamentalement à s'interroger sur l'état d'esprit qui est à l’œuvre dans une discipline : si celui-ci tend à assimiler compétence et positionnement, effectivement, un fonctionnement hiérarchique qui s'installe.

disons qu'un système d'évaluation allant de pair avec une hiérarchie, n'est pas une mauvaise chose...aussi longtemps que l'évaluation est correcte...

l'erreur, pour rejoindre ta réflexion et pour la formuler peut-être autrement, consiste à penser que la hiérarchie consiste en un échange unidirectionnel...tout bon système hiérarchisé passe par une écoute de la part de la "tête", de ce qu'a à dire la "base"...c'est encore plus vrai dans une hiérarchie qui s'inscrit dans un enseignement, ne serait-ce que pour apporter les bonnes corrections aux vrais problèmes et questions que se posent les kohais...

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L'une de mes connaissances a deux filles dans les 7-10 ans qui font du karate ; depuis les dernières vacances, elles ne veulent plus y aller parce que depuis le début de la saison elles n'ont pas passé de ceintures... Vaut effectivement mieux qu'elles arrêtent.

ou pas...fondamentalement, ce n'est pas leur faute à elles...

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Il faut après voir le résultat que donne un pareil système. Si on jette un œil sur la répartition des licences selon l'âge dans les fédérations sportives, la situation est sans appel : après l’adolescence, les affectifs s’effondrent. La carotte n'a d'intérêt que tant qu'on croit qu'elle est due ; quand la réalité s'impose, tout le monde déserte car l'intérêt profond de la discipline n'a pas été inculqué.

c'est en partie vrai, mais c'est loin d'être la seule ou principale cause...à mon sens, il faut aussi y voir une conséquence majeure de "l'hypersportivisation" d'une majorité de clubs d'AM...

les systèmes compétitifs, développés dans les AM sont quand même très pauvres techniquement(tout au plus une dizaine de techniques y sont travaillées régulièrement), comparativement aux AM dont ils sont sensés être issus...et souvent avec un règlement tellement idiot que l'arbitrage est...particulier...

quand tu prends un môme vers 7ans, que la seule chose dans laquelle tu l'entraines régulièrement, c'est cette composante sportive, que tu lui fais donc faire exactement la même chose à chaque cours, les 5, 7, 10ans qui suivent, que tu lui as présenté tous le reste(autres techniques, clés, projections, armes, autres optiques de travail, katas/taos, autres exercices spécifiques à l'école) comme des choses "qu'il faut faire pour les passages de grade" ou "parce que c'est la tradition", sans aucune forme d'explication réelle, donc que tu as réussi à l'en dégouter à mort...

ben le môme, devenu ado, il en a fait le tour de ton truc, il s'emmerde et il a bien raison...donc il plie ses gaules...
Titre: Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: Vautour le avril 08, 2016, 17:04:04 pm
Citation de: nipaipo
tout d'abord, on peut dire qu'il y a toujours eu une forme de hiérarchisation dans les écoles, même si elle se présentait de manière fort différente...d'abord à cause du rapport sempai/kohai, ensuite par le système des menkyo kaiden, enfin par le système des uchi-dechi/soto-dechi... c'est humain et nécessaire...

Nécessaire : cela se discute, justement :)
Humain : si vous entendez par là instinctif, cela se discute plus encore.

Citer
les dérives ne tiennent pas qu'aux ceintures(d'ailleurs il y a d'autres formes de dérives), mais aussi et avant tout au rapport qu'entretient le prof à ce genre de choses, rapport qui est souvent déviant pour beaucoup d'autres choses dans le cours...tu parlais de l'attitude de certains élèves? on a les élèves qu'on mérite...

De même, je ne suis pas tout à fait d'accord.
On a peut-être les enfants qui nous ressemblent, en partie et avec beaucoup de nuances, parce que le parent joue une grande partie dans sa construction psychique; mais de nombreuses contraintes peuvent faire que des élèves aux comportements très variés vont rester dans le même groupe.
A la limite on a le chien qui nous ressemble.
Titre: Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: Vakarm le avril 08, 2016, 17:28:17 pm
Voici selon moi ce à quoi devrait servir les grades :
Souvent on commence un AM avec un objectif principal, comme de développer une compétence qui est, le plus souvent, savoir se défendre. Pour atteindre ce but, on divise le parcours en plusieurs étapes avec, à la fin de chacune d'elle, une évaluation. Ça empêche de prendre des mauvais plis qui pourraient bloquer notre progression ultérieurement. L'évaluation sert à savoir si les bases nécessaires sont acquises et si on est toujours sur la bonne voie. Mais me direz-vous, on peut évaluer sans grade. Oui l'affichage du grade lui, sert à spécifier aux étrangers qui interviendront dans notre progression, que ces bases sont acquises et ont été contrôlées. Bref, si c'est bien structuré, ce n'est pas gage de tout, mais c'est utile. Évidemment si le ratio prof/élèves était très petit et que l'unique prof pouvait se souvenir du cheminement de chacun, l'utilisation des grades perdraient de leur intérêt.L'obtention d'un grade et le processus pour y parvenir ne doit jamais nous faire dévier de l'objetif pricipal. Dites moi que tout ce qu'on a évalué dans un passage de grade était vraiment utile? (Même en considérant que certaines compétences ne soient utiles qu'à l'acquisition d'une compétence ultérieure).
Titre: Re : Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: nipaipo le avril 08, 2016, 18:10:25 pm
Nécessaire : cela se discute, justement :)

c'est une réalité pratique, les écoles d'arts martiaux traditionnelles sont constituées ainsi et l'ont toujours été...il n y a pas matière à en discuter, c'est juste "ainsi"...

d'un certain point de vue, dés lors qu'on désigne un individu comme étant un enseignant et qu'on se désigne comme son élève, on met en place une hiérarchie...donc inutile de jouer sur les mots...

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De même, je ne suis pas tout à fait d'accord.
On a peut-être les enfants qui nous ressemblent, en partie et avec beaucoup de nuances, parce que le parent joue une grande partie dans sa construction psychique; mais de nombreuses contraintes peuvent faire que des élèves aux comportements très variés vont rester dans le même groupe.

je n'ai pas parlé d'avoir les élèves qui nous ressemblent, mais bien les élèves qu'on mérite...j'entends par là qu'on est supposé avoir deux ou trois valeurs élémentaires et enseigner dans cet esprit...et dans les cas extrêmes, le rôle d'un enseignant n'est pas que d'enseigner, mais aussi d'écarter ceux qui ne sont pas aptes à recevoir l'enseignement...(là aussi, ça a toujours été ainsi, à la base, on entrait pas dans une école sans une recommandation d'un proche du professeur)

en tant que professeur d'Art martial, on enseigne(enfin les sérieux...) des choses permettant de blesser ou de tuer un autre être humain...on a donc une responsabilité, ne serait-ce que morale...
Titre: Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: Vautour le avril 08, 2016, 18:34:29 pm
Citation de: nipaipo
c'est une réalité pratique, les écoles d'arts martiaux traditionnelles sont constituées ainsi et l'ont toujours été...il n y a pas matière à en discuter, c'est juste "ainsi"...

d'un certain point de vue, dés lors qu'on désigne un individu comme étant un enseignant et qu'on se désigne comme son élève, on met en place une hiérarchie...donc inutile de jouer sur les mots...

En tant qu' "apprentis philosophes", nous apprenons une chose : à remettre ce que nous pensons des axiomes impénétrables en doute; et qu'il y a par ailleurs toujours à discuter, et bien peu, voire pas, de sujets inutiles.

Concernant la proposition en elle-même, vous faites là une inversion dans l'autre sens : vous confondez ce qui est avec la recherche de comment ce devrait et/ou pourrait être. C'était "ainsi"; ce peut être autrement, si cela peut améliorer le cours.
De même, vous transposez la question de la pertinence de la hiérarchisation (comme système d'ensemble mais aussi et surtout comme sous-éléments distincts) au rapport élève/maître, ce que je ne fais pas, ou bien nous nous sommes mal compris.

Citer
je n'ai pas parlé d'avoir les élèves qui nous ressemblent, mais bien les élèves qu'on mérite...j'entends par là qu'on est supposé avoir deux ou trois valeurs élémentaires et enseigner dans cet esprit...et dans les cas extrêmes, le rôle d'un enseignant n'est pas que d'enseigner, mais aussi d'écarter ceux qui ne sont pas aptes à recevoir l'enseignement...(là aussi, ça a toujours été ainsi, à la base, on entrait pas dans une école sans une recommandation d'un proche du professeur)

Désolé, j'ai confondu avec le message d'après :)
La problématique reste peu ou prou la même : ressemblance sous-entend transmission, mérite sous-entend sélection selon un système de valeurs, donc transmission indirecte.
Mais je vois ce que vous voulez dire : je voulais simplement souligner que des facteurs (tels que, par exemple, le besoin d'une rentabilité; ou la détermination/l'obligation d'un élève à rester dans un cours) peuvent biaiser ce rapport.

Citer
en tant que professeur d'Art martial, on enseigne(enfin les sérieux...) des choses permettant de blesser ou de tuer un autre être humain...on a donc une responsabilité, ne serait-ce que morale...

Bien évidemment.
Titre: Re : Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: nipaipo le avril 08, 2016, 18:39:52 pm
En tant qu' "apprentis philosophes", nous


la philosophie ne m'intéresse pas en tant que telle, l'humain oui...

Citer
ce peut être autrement

en théorie, tout peut être...c'est la différence entre la théorie et la pratique...

pour le moment, "l'autrement" n'existe guère et ce qui s'en rapproche le plus(comprendre par là, le système des fédérations multi-écoles) n'a pas franchement apporté un bénéfice, bien au contraire...


Citer
De même, vous transposez la question de la pertinence de la hiérarchisation (comme système d'ensemble mais aussi et surtout comme sous-éléments distincts) au rapport élève/maître, ce que je ne fais pas, ou bien nous nous sommes mal compris.

je ne transpose pas la question de la pertinence de la hiérarchisation, j'explique que dans un certain nombre de cas(typiquement, le rapport maitre/élève), elle existe de fait...le pré-requis pour enseigner une chose, c'est d'être supérieur à son élève dans cette chose, ne serait-ce que dans la compréhension des mécanismes en oeuvre...ou alors, y a un problème...

Citer
La problématique reste peu ou prou la même

à mon sens non...mais je vais y venir.

Citer
ressemblance sous-entend transmission

je ne suis pas sur que pour un professeur, amener les élèves à lui ressembler soit un objectif souhaitable...parce que ça signifie qu'on ne tient pas compte des particularités de son élève(on doit l'amener à maximiser son potentiel, pas en faire un clone) et parce que ça signifie qu'on est pas près à amener son élève à nous dépasser s'il en est capable...

la copie peut être une étape, mais certainement pas un objectif...là encore, la tradition en tient compte, entre autres au travers de concepts comme le "shuhari"

Citer
je voulais simplement souligner que des facteurs (tels que, par exemple, le besoin d'une rentabilité; ou la détermination/l'obligation d'un élève à rester dans un cours) peuvent biaiser ce rapport.

ça, c'est l'évidence...ce qui est plus problématique et malheureux, c'est que même quand cette dépendance n'existe pas, le rapport peut être biaisé...pire, c'est la majorité des cas...
en france, l'enseignement martial se fait quasi-totalement dans un cadre associatif avec un prof bénévole, en général avec des salles mise à disposition gratuitement ou a prix assez modique...on ne peut pas dire que l'argent constitue une contrainte majeure et pourtant, les clubs où règne une saine ambiance et une réelle qualité d'enseignement, ne sont pas forcément les plus nombreux...

à cela une raison bassement humaine...il faut bien comprendre que dans le cadre associatif en général et dans le milieu martial en particulier, on trouve des gens de toutes les couches sociales et tous les niveaux intellectuels...pour beaucoup, ayant un poste totalement subalterne dans leur milieu professionnel, une place peu valorisante dans leur couple ou leur entourage, occuper une place dominante dans ce cadre, constitue le seul semblant de réalisation à laquelle ils pourront prétendre, tout au long de leur vie...ils jugent que c'est une revanche sur leur existence, en usent et en abusent...

ce que j'appelle "l'ambition des cloportes"...
Titre: Re : Le rapport à la ceinture.
Posté par: Vautour le avril 08, 2016, 20:13:54 pm
Citation de: nipaipo
la philosophie ne m'intéresse pas en tant que telle, l'humain oui...

Voilà une proposition bien directe et bien dommage.

La philosophie étudie l'humain et ce qui dépend de lui (ontologie, métaphysique, science, langage, esthétique, etc.). S'intéresser à l'humain, c'est s'y intéresser. Que veut sinon dire "s'intéresser à l'humain" ?

Citer
en théorie, tout peut être...c'est la différence entre la théorie et la pratique...

pour le moment, "l'autrement" n'existe guère et ce qui s'en rapproche le plus(comprendre par là, le système des fédérations multi-écoles) n'a pas franchement apporté un bénéfice, bien au contraire...

Qu'il n'existe pas n'empêche pas de le penser.
Ainsi tentons-nous d'améliorer ce qui nous entoure en vertu du but que nous lui donnons.

Citer
je ne transpose pas la question de la pertinence de la hiérarchisation, j'explique que dans un certain nombre de cas(typiquement, le rapport maitre/élève), elle existe de fait...le pré-requis pour enseigner une chose, c'est d'être supérieur à son élève dans cette chose, ne serait-ce que dans la compréhension des mécanismes en oeuvre...ou alors, y a un problème...

Citer
c'est une réalité pratique, les écoles d'arts martiaux traditionnelles sont constituées ainsi et l'ont toujours été...il n y a pas matière à en discuter, c'est juste "ainsi"...

d'un certain point de vue, dés lors qu'on désigne un individu comme étant un enseignant et qu'on se désigne comme son élève, on met en place une hiérarchie...donc inutile de jouer sur les mots...

Ça, je suis d'accord, j'écrivais simplement que si A renvoie à B, B ne renvoie pas forcément à A. Si le rapport maître / élève renvoie à une hiérarchisation des rapports, la hiérarchisation des rapports ne renvoie pas forcément au rapport maître / élève; mais aussi au rapport entre les élèves, par exemple (vous parliez des sempai / kohai).

D'ailleurs, plus encore, la première propriété n'est pas forcément vraie comme vous pouvez le penser. Notre façon de penser la transmission du savoir est héritée, traditionnelle, et comme toute tradition elle réfrène ses alternatives, quand bien même celles-ci pourraient en confirmer le bien-fondé.

Citer
Citer
ressemblance sous-entend transmission

je ne suis pas sur que pour un professeur, amener les élèves à lui ressembler soit un objectif souhaitable...parce que ça signifie qu'on ne tient pas compte des particularités de son élève(on doit l'amener à maximiser son potentiel, pas en faire un clone) et parce que ça signifie qu'on est pas près à amener son élève à nous dépasser s'il en est capable...

la copie peut être une étape, mais certainement pas un objectif...là encore, la tradition en tient compte, entre autres au travers de concepts comme le "shuhari"

Exemple du découpage trompeur : je n'évoque pas le sous-entendu en ce qu'il tisserait un lien de moyen à objectif - si votre paragraphe visait à contredire un avis que je n'avais donc pas.

Citer
ça, c'est l'évidence...ce qui est plus problématique et malheureux, c'est que même quand cette dépendance n'existe pas, le rapport peut être biaisé...pire, c'est la majorité des cas...
en france, l'enseignement martial se fait quasi-totalement dans un cadre associatif avec un prof bénévole, en général avec des salles mise à disposition gratuitement ou a prix assez modique...on ne peut pas dire que l'argent constitue une contrainte majeure et pourtant, les clubs où règne une saine ambiance et une réelle qualité d'enseignement, ne sont pas forcément les plus nombreux...

à cela une raison bassement humaine...il faut bien comprendre que dans le cadre associatif en général et dans le milieu martial en particulier, on trouve des gens de toutes les couches sociales et tous les niveaux intellectuels...pour beaucoup, ayant un poste totalement subalterne dans leur milieu professionnel, une place peu valorisante dans leur couple ou leur entourage, occuper une place dominante dans ce cadre, constitue le seul semblant de réalisation à laquelle ils pourront prétendre, tout au long de leur vie...ils jugent que c'est une revanche sur leur existence, en usent et en abusent...

ce que j'appelle "l'ambition des cloportes"...

Là intervient la sociologie, qui pourrait nous éclairer sur la valeur sociale du symbole-ceinture.
Il doit sûrement y avoir quelques travaux de ce type.