Interview de Tom Harinck - 17 mars 2009

[Tovaritch]

Bonjour,

Voici une interview du célèbre entraîneur hollandais de Boxe Thaï Tom Harrinck.

 

Cette interview a été menée il un peu moins d'an pour un site internet russe.

Je vous en livre une traduction en français que j'ai faite et qui n'est peut-être pas rigoureusement exacte, mais pour laquelle j'espère malgré être tout resté fidèle à l'essentiel du contenu.

Vous pourrez comparer par vous-même avec la version en anglais

http://pancration.net/featured/interview-of-tom-harinck-by-russian-website.html

L'original se trouve ici : http://superkarate.ru/allnews/interview/thom_harinck


Interview de Tom Harinck par un site russe – 17 mars 2009

Traduction française de la version en anglais

Chakuriki

Chakuriki ! Le plus célèbre club de boxe Thaï du monde. Le lieu d'où émergèrent des douzaines de champions d'Europe et du Monde de Muay Thai et de Kick Boxing. Branko Sikatich, Peter Aerts, Gilbert Ballentine et bien d'autres. Un système universel, créé par Tom Harinck, réunissant  le meilleur de ce qu'il y a partout dans le monde pour créer une recette gagnante. La recette qui marche sans discussion possible, depuis plus de 30 ans. Tom Harinck fondateur de la MTBN (Association Hollandaise de Muay Thai) en 1983, de l'EMTA (Association Européenne de Muay Thai) en 1984. 6ème dan de Karaté Kyokushin, 7ème dan de Campo… Le premier Hollandais à avoir combattu avec son équipe à Bangkok au Lumpini Stadium. Tom Harinck eut même un impact sur la "mode" de ce sport. Ses garçons furent les premiers à combattre en shorts rouge satin (les shorts devinrent la tenue officielle du Kick Boxing).

Dojo

Dans le dojo Chakuriki (le dojo, pas le club de sports), tout est très simple. Une petite salle avec le ring, des douzaines de sacs de frappe, des gants et un vieux makiwara abîmé. Une petite salle de fitness, des vestiaires. Plus loin le bar qui n'est pas trop fréquenté par les souriantes jeunes filles hollandaises et les garçons à la mine sombre du gym. Des affiches ! Je les ai contemplées pendant une demie heure ! Toute l'histoire du Thai Boxing et du Kick Boxing des 30 dernières années. Lucia Rijkers, Ernesto Hoost, Branko Sikatich, Gilbert Ballentine, Ramon Dekkers, Frank Lobman… Ces affiches, les vieux sacs et le ring, ces légendes vivantes qui viennent presque vous saluer – tout cela créée une atmosphère incroyable.

Tom Harinck

Mince, de bonne humeur, vif. Il démontre la technique en se déplaçant magnifiquement et avec aisance. Pas une once de hauteur ni d'arrogance. "Je suis à la salle toute la journée, viens quand tu veux. Le meilleur moment cependant c'est le mercredi matin, il y a moins de monde. Viens mercredi à 11h00. Si tu veux." Là en entendant cette expression "Si tu veux" (comme il te plaît), je comprends immédiatement à qui j'ai affaire. En Hollande, ceux de la vieille intelligentsia aiment utiliser cette expression. Par exemple, s'adressant à un subordonné : "fais bien comme ça et ainsi", en ajoutant "Si tu veux", ce qui est une marque de respect pour cet homme. Le respect de T. Harinck se manifeste en tout. Dans la façon dont il parle aux ouvriers, dans la façon dont il corrige les combattants. Je devais partir tôt, aussi je m'assis dans le hall, là où on n'entend pas la musique et où il était plus pratique d'enregistrer une interview sur un dictaphone. Regardant constamment en arrière, regardant à travers la vitre les jeunes qui s'entraînent. Par deux fois je ne pus résister et lui dit : "Je peux attendre", et il a presque couru pour donner la leçon à ses combattants. En revenant il s'excusa. J'étais tout à la fois mal à l'aise et heureux qu'un homme presque deux fois plus âgé que moi et qui mérite lui-même le plus grand respect, se comporte aussi dignement.

- Comment tout a-t-il commencé ?

- Lorsque j'avais 6 ans, j'ai commencé le judo que j'ai étudié jusqu'à 12 ans. J'étais ceinture marron, parce qu'à cette époque il était impossible d'être ceinture noire à 12 ans. Puis j'ai commencé à jouer au football. Je me suis entraîné au football jusqu'à 18 ans, puis je suis parti à l'armée. A l'armée j'étais conducteur de tank. A l'armée je me suis pris de passion pour la boxe et j'ai fait 22 combats amateurs. Une défaite aux points et le reste des victoires. Après l'armée j'ai commencé le Karaté Kyokushin avec Jon Bluming. Dans un tournoi entre ceintures noires je fus disqualifié pour un coup de poing au visage. Je me suis alors rendu compte que le karaté n'était pas fait pour moi. J'ai décidé de mélanger le Karaté et la Boxe et ce fut du Kick Boxing.

- Vous êtes 6ème dan de Karaté ?

- Oui

- Combien de temps vous êtes-vous entraîné ?

- Pas beaucoup, mais après que j'ai ouvert le "Chakuriki", beaucoup de gens sont venus vers moi et m'ont décerné des ceintures en marque de respect.

- En Russie, beaucoup de gens respectent Bluming, mais dans le même temps disent qu'il décerne des ceintures trop facilement.

- Oui, trop facilement. Je sais que même si on ne s'engageait pas dans le sport, il décernait la ceinture. Pour moi les ceintures n'ont aucune importance. Au "Chakuriki" il n'y a pas de ceinture, ce qui compte c'est de savoir à quel niveau on combat. Dans mon bureau vous pouvez voir des douzaines de ceintures, Jiu Jitsu, Kempo, Kung Fu, les gens me les ont décernées comme une marque de respect, pas parce que je suis engagé dans ces sports. Je pratique le Chakuriki, c'est ce que j'aime. Les ceintures ne signifient rien pour moi. En 1972 j'ai commencé à entraîner et très vite nous avons gagné des tournois.

- Les tournois de l'époque n'étaient probablement pas très relevés, et il n'y avait pas beaucoup de clubs ?

- Mais nous avons combattu de nombreuses fois à l'extérieur des Pays Bas : en Allemagne, en Italie, partout… Nous combattions dans des tournois de Tae Kwon Do, de Kempo, de Shaolin Kung Fu. Nous combattions dans des tournois où il y avait des combattants qui venaient de différents styles. A cette époque cela nous fut très profitable. Nous étions vêtus de tenues rouges…

- Vos célèbres tenues rouges… Aujourd'hui encore je vois des combattants venir en tenue rouge. Badr Hari est allé à Amsterdam en tenue rouge. Faisait-il partie de votre équipe ?

- Oui, il s'est entraîné chez moi pendant 7 ans. Il a disputé 55 combats, dont 51 victoires. Il a perdu une fois contre Ignashev…

- Mais à l'époque il était trop jeune ?

- Il avait 18 ans.. On m'a demandé si Badr pouvait combattre ? J'ai répondu "Pourquoi pas ?" Et il a très bien combattu. Au début tout était OK, mais ensuite il s'est fatigué.

- Et après c'est ensuite que ?

- Des gens ont commencé à lui donner des voitures, de l'argent. Et il a quitté ma salle.

- Alors, qu'avez-vous ressenti lorsqu'il est parti ?

- Je le considérais comme un fils, mais il m'a quitté. J'en fus très peiné. Pas parce que j'avais perdu un combattant, mais parce je me suis comporté envers lui comme un père. Et nous n'avons jamais eu ni problème, ni dispute. Et simplement parce que des gens riches ont commencé à lui donner de l'argent, il m'a quitté. Il m'a trahi.

- Il ne vous a jamais expliqué pourquoi il avait fait cela ?

- Non nous n'en avons jamais parlé. Il ne me regarde jamais dans les yeux lorsque nous nous rencontrons quelque part.

- Et lorsqu'il combat, vous voulez le voir gagner ?

- Cela m'est égal. Je ne le regarde plus. Il m'a déçu.

- Je vois Peter…

- Oui, il s'est entraîné chez moi pendant 10 ans puis il est parti. Mais il est revenu et m'a dit qu'il avait fait une grosse erreur. Et je suis très heureux de son retour. Quand Peter est parti il a simplement dit "je ne veux plus aller à Amsterdam." Et je lui ai dit "OK, pas de problème."

Nous sommes constamment en train de créer de nouveaux champions. Si l'un s'en va, alors nous en sortons un autre. Maintenant c'est Hesdi (Hesy Gerges). Lorsqu'il est arrivé dans ma salle il y a 4 ans, il ne connaissait rien, mais maintenant il est champion d'Europe. Et il est très, très bon.

- Qui fut votre meilleur combattant ?

- Tekim Donech, un poids plume de 57 kg. Il a été champion du monde. Mais c'était il y a très longtemps. C'était un petit garçon turc de 6 ans quand il est venu dans ma salle et il s'est entraîné avec moi jusqu'à 28 ans. Mais par la suite la cocaïne l'a détourné…

- Et maintenant ?

- Maintenant il est au plus mal. Accro à mort, il vit dans la rue. Mais il fut le meilleur ! Il a combattu en Thaïlande. J'ai eu beaucoup de bons combattants, mais lui il fut le meilleur.

- Et parmi les poids lourds ?

- Je pense qu'Hesdi pourrait être le meilleur de tous ceux que j'ai eus.

- Et Branko Sikatich ?

- Il était tout simplement fantastique. Chaque combattant possède quelque chose de spécial. Branko était incroyable. Il est toujours en forme. Maintenant il a 52 ans, il s'est donné pour le sport. Il a une société de sécurité et deux clubs de sports en Croatie. J'ai été témoin à son mariage. Nous sommes tous comme une grande famille. Branko est un homme fantastique. Vous savez qu'il a gagné le K-1 alors qu'il avait 38 ans, le même âge que Peter (Aerts).

- J'ai été très déçu quand Peter a perdu la dernière fois.

- Oui, c'était horrible, horrible.

- Qu'est-ce qui n'a pas marché ? L'âge ?

- Non ce n'est pas l'âge. Il a eu un mauvais entraînement, il était lent, pas motivé. Jan Plas était trop occupé avec ses problèmes avec la police. Il n'était pas en phase avec Peter. Et tout cela mis bout à bout a donné un mauvais résultat. Vous savez, il voulait revenir plus tôt mais il hésitait, ne sachant comment je l'accueillerais. Mais je suis capable de tout oublier.

- Pensez-vous qu'il peut encore gagner le K-1 ?

- C'est mon objectif !! Bien sûr, il est difficile de prédire quoi que ce soit, mais… Cela fait seulement 2 mois qu'il s'entraîne avec moi. Vous pouvez lui demander, il est déjà 50% meilleur.  Mais je veux qu'il soit 100% meilleur. En s'entraînant avec Hedi (Hesdy Gerges) et Bredock (Anderson "Bradock" Silva), il reprend la forme, mais il lui faut un peu de temps. Je veux qu'il gagne à nouveau le K-1.

- Hier j'ai montré des photos de vous à ma femme et je lui ai dit : "J'étais né depuis un an et cet homme avait déjà 3 champions d'Europe…"

(- Rires) Vous êtes né en 1975 ? Oui, je suis l'un des coachs les plus anciens, et je suis toujours en activité. Beaucoup de coachs ont cessé leur activité. Johan Vos, Jan Plas n'entraînent presque plus, beaucoup, beaucoup de coachs…

- Je constate que vous êtes en forme…

- Oui, je suis en excellente forme ! Mes coups de pieds sont plus puissants et plus rapides que ceux de ces garçons, bien que j'aie 65 ans ! Je m'entraîne tous les jours. Aujourd'hui à 08h30, j'ai déjà fait un entraînement.

- Tom vous êtes habitué à différents systèmes, mais pourquoi enseignez-vous la Boxe Thaï ? Pourquoi pas le karaté ou autre chose ?

- Je ne sais pas… J'aime la Boxe Thaï. Une fois nous avons été invités au Japon. Lloyd Van Dams a combattu le champion russe en Karaté Kyokushin.

- Lechi Kurbanov ?

- Oui. J'ai préparé Lloyd pendant 2 mois. Ce fut une magnifique bataille. Ils ont vraiment combattu d'égal à égal. Au troisième round le Russe a frappé deux fois Lloyd au visage, sans le faire exprès je pense. Vous savez, je crois que ce fut un match nul. Mais les juges ont décidé que le Russe avait été meilleur.

- Kurbanov déclara que Lloyd fut le meilleur qu'il ait jamais eu à combattre

- Il fut honnête. Et il fut vraiment bon. Ce jour là j'ai vu Lloyd en difficulté, mais Lloyd n'est pas un combattant de Kyokushin. Mai ce n'est rien qu'un combat… Mais en général, c'est la Boxe Thaï que j'aime.

- Le K-1c'est…

- Je n'aime pas le K-1

- Pourquoi ?

- J'aime les combats en 5 rounds de 3 minutes. C'est seulement là qu'on peut voir la véritable force des combattants, leur endurance. N'importe qui peut combattre 3 rounds. Au début en 1992, le K-1 était en 5 rounds de 3 minutes. Mais là les Japonais ont constaté que les Hollandais étaient trop forts comme ça. Les Japonais combattaient très bien 1 ou 2 rounds, puis ils étaient fatigués et ils se faisaient mettre KO. Alors les Japonais on dit : "Hey, nous devrions changer les règles" et ils ont institué des combats de 3 rounds. Bien que je puisse le comprendre pour un tournoi. Après tout, vous faites 3 combats de 3 rounds. Mais quand même, je préfère personnellement les combats en 5 rounds, comme les combats de Boxe Thaï.

- Mais parfois en Boxe Thaï on voit trop de corps à corps

- Non, arrivé au corps à corps on s'arrête. Mais quand le corps à corps est bon, c'est magnifique. Le corps à corps est une très bonne technique. Peu de gens savent s'en servir. Là où on voit du corps à corps c'est en Thaïlande et c'est passionnant. Avec de magnifiques coups de genoux et de coudes. En même temps je comprends qu'en d'autres endroits on ne sache travailler au corps à corps. En compétition de Kick Boxing le combat s'arrête au corps à corps.

- Vous avez passé quelques mois en Thaïlande n'est-ce pas ?

- Oui nous avons été invités en Thaïlande en 1978. Nous étions les meilleurs en Europe. Mais nous n'imaginions même pas ce qui nous attendait. Je ne connaissais rien de la Boxe Thaï, je n'en avais jamais vu. Lorsque j'ai observé les entraînements et vu quelques combats, j'ai compris que nous ne pouvions pas gagner. Même en dépit du fait que je les avais observés et que nous avions essayé de nous entraîner à ce que nous avions vu. Il était trop tard. Ils nous tout simplement tués. Premier round, deuxième round, troisième round d'un combat, ils nous ont tous mis KO. C'était horrible.

Après cela, mes garçons sont rentrés et je suis resté en Thaïlande. J'ai appris les véritables techniques de la Boxe Thaï dans les trois meilleures salles, je suis rentré et j'ai commencé à les enseigner  à mes garçons. J'ai rassemblé le meilleur de tout ce que je connaissais : la Boxe, la Boxe Thaï, le Kick Boxing, le Karaté. Et ce fut déjà le Chakuriki – Mon style.

- Le Chakuriki en tant que système a-t-il changé au cours des 10 dernières années ?

- Non, c'est exactement le même. Bien sûr, on apprend beaucoup de choses au fil des années. A 27-30 ans on s'imagine qu'on sait tout. Mais plus vous devenez adulte, plus vous en apprenez. Même maintenant à 65 ans j'apprends de nouvelles choses. Il y a des enchaînements que je comprends mieux. Je pense que c'est une question d'expérience. C'est pour cela que les coaches de célèbres boxeurs américains sont âgés. Les entraîneurs de Mike Tyson, Muhammad Ali, Sugar Ray Leonard avaient 73- 75 ans. Lorsqu'ils décédèrent de crise cardiaque ou d'autre chose, Tyson, Ali, Leonard, allèrent s'entraîner avec des coaches plus jeunes et leurs carrières commencèrent à décliner. Je comprends pourquoi maintenant. Avant je me demandais toujours ce qu'un type de plus de 70 ans comme homme de coin pouvait apporter. Mais ça n'a pas d'importance. C'est normal. Les combattants ont besoin de coachs âgés. Et c'est ainsi qu'ils réussiront à 100%.

-  Dans le K-1 final, 5 des 8 participants étaient hollandais. Je ne comprends pas pourquoi, car les Hollandais ne sont pas agressifs.

- La compétition entre les entraîneurs tels que Tom Harinck, Jan Plas, Johan Vos est très relevée.  Nous avons élevé la concurrence à un tel point que le niveau des combattants a augmenté. C'est comme une compétition entre l'Ajax et Feyenoord. Je veux gagner contre Jan Plas. Jan Plas veut gagner contre Tom Harinck. Nous sommes constamment derrière nos gars et nous leur en faisons baver.

Maintenant en Hollande, le Kick Boxing est populaire. En Amérique c'est le MMA. Mais s'ils avaient eu de bons entraîneurs en Kick Boxing, ils auraient eu de bons Kick Boxeurs. Lorsque je j'entraînais à Amsterdam, on racontait qu'à Amsterdam il y avait des types forts. Et qu'à Utrecht et à Rotterdam il n'y avait pas de combattant. Mais par la suite j'ai ouvert une salle à Utrecht et j'ai eu 3 champions de Hollande issus de Utrecht. D'où vient l'athlète n'a pas d'importance : de Hollande, de Russie, de Belgique. Si le coach est bon, alors le combattant sera toujours bon. Maintenant vous pouvez constater qu'il y a beaucoup de bons combattants venus de tout petits endroits en Hollande. Ne dites pas qu'à Amsterdam les types sont forts, ce n'est pas vrai. Je sais que si je commençais à entraîner dans une petite ville de Russie, on dirait que les Russes sont forts. Je suis allé de nombreuses fois en Russie, à Moscou. Je sais qu'ils s'entraînent dur. Mais ils n'ont pas de système, ils n'ont pas le savoir faire. C'est l'entraîneur qui fait un bon combattant.

- Parmi ceux qui combattent actuellement, quel combattant vous intéresse particulièrement ?

- Je pense que c'est Tyrone Spong.  Il m'a téléphoné hier justement. Il veut s'entraîner ici. Il a des problèmes de sparring partners. Et moi j'ai beaucoup de bons combattants. Je lui ai dit qu'il pouvait venir.  Au K-1 il n'y a pas de combattant intéressant. Je pense que c'est dû à la politique du_ K-1. Beaucoup de bons combattants n'y participent pas. La situation est la même actuellement en Hollande avec le tournoi "It's Showtime". C'est difficile de passer à travers le système.

- Mais vos garçons combattent là-bas, parce que vous avez des relations ?

- Non, simplement parce qu'ils ne peuvent pas nous ignorer.  Mais souvent ils ne veulent pas organiser de combat avec mes garçons. Par exemple, je connais Bas Boon. Je lui ai dit : "Hey Bas, organisons un combat entre Heidi et Saki, entre Bredock et Zimmerman", mais il n'a pas voulu, car il n'est pas sûr que cela lui profitera. C'est navrant que cela se passe comme ça.

- Bien, mais si quelqu'un est vraiment bon, a-t-il une chance de participer à ce tournoi ?

- Parfois si vous êtes vraiment, vraiment, vraiment bon, ils ne peuvent pas passer à côté de vous. Si vous gagnez, si on vous connaît, vous aurez votre chance et ils vous feront un contrat. Mais je le dis, si vous êtes vraiment bon, vous arriverez au top. La plupart des combattants japonais sont plus mauvais que les Hollandais. Mais au Japon il y a bien plus d'argent et plus de promotion. Un ring aux Pays bas ou un ring au Japon, c'est le même ring. Mais au Japon il y a la télévision, sur Internet il  y a plus de monde qui s'intéresse à ce qui s'y passe. Au Japon c'est un gros business, c'est pour cela qu'ils ont des célébrités. Souvent il y a de très bons tournois aux pays Bas ou en Roumanie, avec de très bons combattants. La semaine dernière le "Rings" était d'un très haut niveau. Mais sans couverture médiatique.

- Personne n'essaie de faire changer les choses, d'avoir un contrat avec la télé, etc ?

- Si mais la télé n'en fera rien, ils sont en contrat avec le K-1. Ils s'imaginent que le K-1 est le meilleur sport. Le fait est que pour le K-1, c'est Fuji TV. Tout cela c'est de la politique.

- A propos, j'ai été surpris par les termes de paiement dans votre salle. D'habitude en Hollande, on a un contrat d'un an et il faut négocier 3 mois avant quand on s'en va, et bien plus encore… Mais vous, vous avez des conditions favorables, des prix très bas…

- Oui bien sûr, il nous faut de l'argent pour payer tout cela. Il nous faut payer les entraîneurs, les employés, les chambres extérieures, et vous connaissez les impôts en Hollande. Mais si quelqu'un veut s'en aller, me le dit et part, je ne fais pas de problème. Pas de contrat à long terme et tout est très simple. Les enfants paient 18 euros par mois et s'entraînent 3 fois par semaine. C'est très bon marché. Nous entraînons environ 300 enfants. J'ai également des intérêts sur les gains des combattants professionnels. C'est normal. Je ne gagne pas tant que cela. Mais ce n'est pas un problème pour moi. Mon épouse a un très bon emploi. Elle est juriste et elle enseigne à l'université. Nous ne sommes pas dans le besoin.

- Déjà midi, C'est le moment de ?

- Oui je dois partir. Revenez quand vous voudrez. Vous pourrez même vous entraîner avec nous. Je vous laisserai mon livre au bar. En partant, prenez-le.

[lsd]