Auteur Sujet: méditation et vertu physique ?  (Lu 6421 fois)

Hors ligne zendoken

  • Initiateur de Yi Quan (boxe interne)
  • Bébé dragon
  • *
  • Messages: 62
  • Sagesse: 8
  • Sexe: Homme
  • Jean-Philippe Erbin (Yon en basque)
    • Portail International (anglais)
méditation et vertu physique ?
« le: octobre 05, 2010, 12:05:50 pm »

Bonjour à tous,

j'ai d'abord posté ce post, mais dans une discussion en demeure depuis un an (octobre 2009),
qui est donc je crois difficilement réappropriable
(pour info: http://forum.webmartial.com/index.php?topic=848.15).

Je le modifie donc un peu pour éventuellement recréer un fil en cet automne 2010.
Je pratique le Zen sérieusement depuis quatre ans.
J'y suis venu par le Ritsu Zen (Zen debout - postures de l'arbre) du Yi Quan / Taï Ki Ken.

Peut-on prétendre atteindre un état d'omni-présence, de luminosité, et de vacuité, qui soit éventuellement valable pour nos aptitudes physiques, alors que les pratiques de la méditation / concentration (Prahna-Dhyana / Tchanna / Tchan / Zen), vues de l'extérieur, ne sont qu'astreinte (disons têtue et bien circonscrite) à un quelconque aspect physique précis (nos pieds, nos pas, par exemple, dans la méditation marchée) ?

Je crois que dans la méditation bouddhique (marchée, assise, ou dans les gestes quotidiens - dont les arts décoratifs japonais sont une belle illustration), l'on peut considérer trois amplitudes qui peu à peu ne font qu'une, puis plus aucune (omniscience au delà de la maitrise ?) !

car, l'ex-sistence (ex-sistere en latin - voir "stature", littéralement "se dresser hors"),
c'est sortir du problème disons.

Ces trois amplitudes, véhicules du soi vers le non-soi, seraient:
(on part toujours d'une matière pour aller vers sa liberté, d'abord sensibilité, puis esprit, puis vacuité)

(1) l'attention mentale (éveil en cours, aware-ness, n'est-ce pas ?)
(2) l'attention posturale (- corporelle, immobile ou en mouvement)
(3) l'attention environnementale (l'être ensemble et signifiant du contexte, comme présence et récit en temps réel).

Mais la condition d'une telle compréhension (les dimensions qui "se comprennent" les unes les autres) est lié dans le bouddhisme, à la tenue durable (et telle quelle) d'une vraie concentration, pour objet tenu, pour objet spécifique.

C'est ainsi que l'attention aux pas (aux pieds) peut être à la fois concrète (concentration) et abstraite (awareness) dans la vacuité et l'interpénétration (en temps T...) des dimensions (mentale, corporelle, et contextuelle) et leur liberté au delà (autres dimensions de l'appréhension ?). Le lien, c'est le souffle, libre et réservé.

C'est plus facile à comprendre dans la posture durable assise, car morphologiquement (mor-pho-logique-ment), il ne se passe rien, dirait-on. Alors que quand il se passe quelque chose (on marche, on bouge, on lutte), on dirait que les instants sont dialectiques, répondent à des forces et à des contradictions, lieu à lieu, instant à instant...

Or, au contraire, la concentration sur l'aspect physique (sur la cessation de la préoccupation mentale dans le respect postural - le respect physique), permet de retrouver l'inclusion, la compréhension, selon lesquels l'espace, et le temps, ne sont plus constitués d'éléments divergents, d'éléments fortuits, d'un devenir discontinu.

Et même si ce n'est qu'un "auto-formatage" dans une sorte de susceptibilité sensiblement mentale (celle, par exemple, du bouddhisme - mais il y en a d'autres, yogiques, taoïstes...), même si cela n'existe que par cet exercice disons factice, cela existe oui ainsi, trouve et rencontre une existence chaque fois plus vaste ainsi, et par ceci oui, l'attitude méditative délibérée, du factice de cette décision.

Nos attitudes d'esprit les plus lourdes ne sont-elles pas factices (chaque drame les ruine...) ? Nos objets factices les plus infimes ne deviennent-ils pas alors très lourds (pouvons-nous soulever notre propre poids, comme un oiseau...) ?

Car l'on peut considérer que les choses, comme choses, n'ont pas notre problème, d'avoir à se trouver et se délibérer... Ni même se libérer.

Comment y songeraient-elles, puisqu'elles n'ont pas d'imparfait (de brèche) ?

Imparfait... (1) qui est un temps littéraire, de récit (2) qui arrêté dans sa dimension révolue (prétérite), est un temps tragique qui fonde l'objet culturel (3) qui, au terme d'un deuil en soi, est un temps de sagesse, et de naissance (ou libération / éveil)

« Modifié: octobre 05, 2010, 20:53:44 pm par zendoken »
La hauteur que le ciel n'a pas, la montagne l'a. La hauteur que la montagne n'a pas, le ciel l'a...

Webmartial - Forum : arts martiaux, sports de combat, mma, free fight, combat libre

méditation et vertu physique ?
« le: octobre 05, 2010, 12:05:50 pm »
Boutique Webmartial
Équipements d'arts martiaux / sports de combat en direct de Chine


Hors ligne Le promeneur

  • Dragon Seigneur de guerre
  • *
  • Messages: 1884
  • Sagesse: 174
  • Sexe: Homme
Re : méditation et vertu physique ?
« Réponse #1 le: octobre 05, 2010, 14:20:04 pm »
Citer
trois amplitudes qui peu à peu ne font qu'une, puis plus aucune

je trouve des similitudes avec les AM internes mais je dois dire que je ne comprends pas tout ce que tu nous expliques ce n'est pas une critique, mais c'est peut être l'enseignement que j'ai eu qui est du "travail" du mental mais aussi physique, quand je dit physique, c'est la "connaissance" de son corps.
je pense que ce sujet ne parle que de la méditation, mais étant dans la rubrique AM internes, je me devais de dire que l'on est obligé de tenir compte des deux éléments et arriver:

<<….toutes les étapes qui ont étaient parcourues portent alors leurs fruits, car les acquisitions tant techniques que mentales subsistent, mais puisent leurs racines dans l’inconscient.
L’homme a découvert non pas une seconde nature, mais sa nature première, sa simplicité originelle ; il a retrouvé la pureté de l’enfant, mais a gardé la force , la technique et l’intelligence de l’homme.

Il peut alors abandonner la pratique de l’art martial, car ainsi que l’a écrit Nakashima Ton dans l’histoire de Chi-Ch’ang, chinois qui arriva à la maîtrise du tir a l’arc au bout d’une vie de recherche, puis oublia même jusqu’au nom de l’instrument avec lequel il avait passionnément cherché cette vérité ;<< le stade ultime de l’activité est l’inactivité ; le stade ultime de la parole est le silence ; le stade ultime du tir a l’arc, c’est de ne pas tirer …>>
…il faut, après avoir appris longuement par cœur, tout oublier et laisser fuser ce qui vient naturellement. Il ne faut plus penser à la technique, il ne faut plus vouloir, car au stade ultime, la volonté devient un obstacle ; il faut simplement être prêt a tout, c’est à dire à rien… …>>


 #chinois#

Hors ligne zendoken

  • Initiateur de Yi Quan (boxe interne)
  • Bébé dragon
  • *
  • Messages: 62
  • Sagesse: 8
  • Sexe: Homme
  • Jean-Philippe Erbin (Yon en basque)
    • Portail International (anglais)
Re : méditation et vertu physique ?
« Réponse #2 le: octobre 05, 2010, 14:35:32 pm »

Je trouve la réplique, contrepartie,
complément de réflexion, remarquable...

Mais qu'est-ce que l'on "réfléchit" ?
(le reflet, le lunaire par exemple, sont des notions fondamentales de la méditation)

Répondre au corps par le corps,
à chaque chose par sa nature,
à chaque moment par son instant...

Je suis tout à fait d'accord avec ton approche de la pratique martiale,
de l'engagement du corps, de sa problématisation.

D'autant plus qu'un des maux majeurs du Zen contemporain
est la facilité avec laquelle on peut "réfléchir" / refleter des univers plastiques,
des univers parfaitement lisses et accomplis (- synthétiques),
par nos esthétiques et mentalités contemporaines.

Or,
lorsque l'on refléte et réfléchit des univers parfaitement résolus,
saillants et semblant transcendants (lumière de l'image),
l'on arrête de pratiquer, et la sagesse et le combat. C'est mon sentiment.

Ainsi comment viser à une vraie liberté du corps et de l'esprit (sa beauté donc)
sans se fourvoyer dans de "l'instantané" version caféiné ou décaféiné ?
C'est à dire dans l'image, et chaque fois encore image ?

Inversement, comment accepter la contradiction, la problématisation,
sans renoncer à cette vision intime de l'horizon, ce seuil de lumière,
qui fonde le désir et le soin de sagesse ?

La hauteur que le ciel n'a pas, la montagne l'a. La hauteur que la montagne n'a pas, le ciel l'a...

Hors ligne zendoken

  • Initiateur de Yi Quan (boxe interne)
  • Bébé dragon
  • *
  • Messages: 62
  • Sagesse: 8
  • Sexe: Homme
  • Jean-Philippe Erbin (Yon en basque)
    • Portail International (anglais)
Re : méditation et vertu physique ?
« Réponse #3 le: octobre 05, 2010, 16:49:04 pm »

Suite...

" La relation entre le Zen et "la cogne" a été un classique apprécié dans les années 50-70, puis est tombée dans une violente disgrace ("c'est du pipo, etc...") dans les années 80-90.

Qu'en est-il ?
"

Il me semble ainsi, et c'est peut-être vrai pour les arts martiaux internes (de lenteur et douceur de geste), que la pratique du Zen, qui originairement (aux origines du Zen / Chan chinois) est une pratique assez brute et universelle (c'est le propre de toute vraie expérience), s'est laissée enfermée dans les armoires et tiroirs thématiques qui lui donnent une spécificité dans les temps modernes, tout en subtilisant-déplaçant sa légitimité générale, celle d'être un propos disons aussi total (comme autre chose)...

Ainsi, selon une logique semblable, qui gère et place chacun selon sa spécialité (cantonnée...), la maitrise de la force de combat, de bagarre et d'affrontement, ne pourrait être que le fait des autorités officielles concernées, militaires, polices, et services correspondants. Or, d'une part, ces autorités, soumises à l'appréciation politique, ne sont pas toujours homogènes (notamment par exemple entre différents pays ou entre les dispositifs légaux), et d'autre part, toutes sortes de divergences informelles (et notamment délinquantes ou proches) peuvent avoir lieu dans les coins ou dans l'ombre, avec coups et blessures disons...

Donc de la même façon (dans une prudence de légitimité citoyenne)
que l'autodéfense de combat peut être civile, non officialisée (...?):

(1) un art martial interne peut être, de lenteur et douceur,
au coeur des dispositifs violents et alors subversif-compétent (souffle physique) en ce sens
(2) la méditation, immobile (de dépourvu, sans mobile...) au coeur et en deça de tout ça,
peut être la source des vents, et des splendeurs,

... lorsqu'ils ne sont pas dans un tiroir ou un écran marginal,
par lesquels on les délimite, hors des rapports " bruts ", hors des "natures entières"...

Je pense qu'il faut néanmoins être compris dans des ordres qui nous comprennent,
pour se préserver (soi et d'autres).

Que pensez-vous de cette idée des dimensions "internes", effectives en ce sens ?

« Modifié: octobre 06, 2010, 11:15:48 am par zendoken »
La hauteur que le ciel n'a pas, la montagne l'a. La hauteur que la montagne n'a pas, le ciel l'a...

Hors ligne zendoken

  • Initiateur de Yi Quan (boxe interne)
  • Bébé dragon
  • *
  • Messages: 62
  • Sagesse: 8
  • Sexe: Homme
  • Jean-Philippe Erbin (Yon en basque)
    • Portail International (anglais)
Re : méditation et vertu physique ?
« Réponse #4 le: octobre 08, 2010, 02:23:39 am »
certains enseignants de Zen, anciens pratiquants assidus d'arts martiaux, parlent de la tenue de la posture assise zazen comme d'une vigilance (sage) guerrière. J'ai évoqué cela à mes deux enseignants de Zen, le premier, et l'actuel, ils m'ont tous deux dit de laisser de côté cette idée, et de relacher sagement la tenue de la posture.

Je ne suis pas tout à fait d'accord néanmoins. Je crois que la tenue (sage) guerrière est comme une inspiration, il faut la vivre pour expirer, et ainsi réguler le relachement qui moyenne la posture, comme une respiration. Mais là, à cet instant de compréhension, c'est mon intellect qui parle, donc mes enseignants ont raison...

Dans la tenue dressée de zazen, l'assise large et vivifiante des cuisses, jambes, et pieds (la moins mortifère possible, la moins contrainte possible), la colonne vertébrale dressée, le sommet de la tête haut gardé dans l'axe des épaules, la nuque étirée, le menton un peu entré, la poitrine plutôt creusée avec le nez aligné sur le nombril, le tronc ni trop en arrière ni trop en avant (plutôt un peu vers l'avant car l'attitude passive spontanée est vers l'arrière), c'est une tenue de vigilance, c'est l'attitude de faire face que l'on rencontre, à un mur, à un autre. Le fait que le regard soit posé au sol devant soi stigmatise sensiblement toute prétention de soutenir une adverse et égale attention comme un travers, comme ce travers tel qu'il advient, comme sa fronde concrète.

C'est donc une attitude de vigilance qui chasse sur notre égo, une sorte de rapport martial peut-être, ceci pour évoquer deux aspects du parcours d'une séance de zazen:

1/ LA TÊTE HAUTE

d'abord que le face à face, à hauteur d'attention et de prétention de corps, peut nous effondrer quelque peu, alors que nous serions notre propre enjeu, notre propre considération.

L'un des enjeux d'attention, qui est valable dans le combat, c'est d'avoir un peu de tête (littéralement, hauteur et attitude) au dessus de l'emprise du corps. Libérer la tête pour qu'elle surplombe l'enjeu, et laisse les sens alertes libres et disponibles...

Un professeur de Wing-Tsung ibérique, me voyant combattre, m'a dit fermement que la tête devait s'extraire du combat, pour combattre comme un torrero, non comme un taureau. J'imagine qu'il a raison.

2/ CHASSER SUR LA PRESENCE

Enfin la posture de zazen tenue, les épaules et le dos "comme des ailes déployées de vautours" reposent et couvrent de force et de calme, mais la partie frontale du buste, la partie de front (notion commune avec l'affrontement), du plexus à la gorge sur le plan de la poitrine, est plutôt effacé vers l'intérieur, cédant les tensions charnelles-musculaires qui nous portent aux devants.

Or cette façon avec laquelle notre buste se cède et se relache tout en gardant sa tenue, sur des espaces chaque fois un peu différents et sur des profondeurs de quelques millimètres, cela ressemble beaucoup sur la durée (les quelques dizaines de minutes - très lentes - de maintien de la posture immobile) à ces techniques martiales selon lesquelles l'on apprend à céder avec intelligence dans l'axe au contact de l'adversaire, afin de ne pas lui donner la moindre emprise sur notre résistance, chassant (avec fermeté et infimement) sur la matière sur laquelle il veut compter pour nous "attraper".

Dans la posture assise du Zen, c'est sur la saisie de la situation que l'on chasse, effaçant chaque millimètre qui nous impliquerait dans une présence propre, une présence offensive, une présence d'offense, celle qui met notre buste et notre poitrine en avant, parfois nos bras ou nos mains aussi, à laisser choir et ne plus exister.

C'est un travail central et vertical de tenue, qui peut devenir un habitus de notre volume et notre structure ostéopathique, et qui est aussi un travail de nerfs, dont on se dit, qu'après une ou autre révolution d'énergie (son repos et son deuil au milieu), il sera profitable...

« Modifié: octobre 08, 2010, 13:41:17 pm par zendoken »
La hauteur que le ciel n'a pas, la montagne l'a. La hauteur que la montagne n'a pas, le ciel l'a...

Hors ligne zendoken

  • Initiateur de Yi Quan (boxe interne)
  • Bébé dragon
  • *
  • Messages: 62
  • Sagesse: 8
  • Sexe: Homme
  • Jean-Philippe Erbin (Yon en basque)
    • Portail International (anglais)
Re : méditation et vertu physique ?
« Réponse #5 le: octobre 08, 2010, 13:26:43 pm »

@ le promeneur, et aux autres...

"... je trouve des similitudes avec les AM internes mais (...) l'enseignement que j'ai eu (...) est du "travail" du mental mais aussi physique, quand je dit physique, c'est la "connaissance" de son corps.  je pense que ce sujet ne parle que de la méditation, mais étant dans la rubrique AM internes, je me devais de dire que l'on est obligé de tenir compte des deux éléments ..."

C'est précisément cela qui peut être intéressant.

Les moines Zen, d'hier comme aujourd'hui, ne sont ni des gabarits ni des caractères de guerriers. On imagine que la guerre, la violence, est un tumulte. Que le réalisme de la vie suppose des plus forts et des plus faibles, comme des boites sont grandes, d'autres moins grandes, d'autres plus petites...

Pourtant la culture classique d'Extrême-Orient a établi un rapport nécessaire entre l'impassibilité de l'esprit méditatif, ses pieds-de-nez logiques, et la maitrise des sens à l'approche et au coeur des tumultes. De même de nombreux contes / récits Zen évoquent cette outre-nature, extatique et hors critère, qui font qu'un frêle moine Zen transi de peur, l'emporte tel un clignement de paupière, sur un robuste guerrier, avec un sabre tenu par hasard, sur la traversée d'un pont...

Mythologies qui fondent la possibilité (décorative) de la Culture ?
Ou culture de base dans les événements (les enjeux et rapports de forces) d'une vie vraiment vécue ?

« Modifié: octobre 08, 2010, 13:42:20 pm par zendoken »
La hauteur que le ciel n'a pas, la montagne l'a. La hauteur que la montagne n'a pas, le ciel l'a...

Hors ligne zendoken

  • Initiateur de Yi Quan (boxe interne)
  • Bébé dragon
  • *
  • Messages: 62
  • Sagesse: 8
  • Sexe: Homme
  • Jean-Philippe Erbin (Yon en basque)
    • Portail International (anglais)
Re : méditation et vertu physique ?
« Réponse #6 le: octobre 09, 2010, 13:03:59 pm »

PREAMBULE =
vous trouverez ici deux de nos contributions importées (dans un ordre inversé) de la discussion en cours "la méditation de la marche" dans le forum arts martiaux internes car ce point de vue est à cheval sur deux fils de discussion (là-bas donc, et ici), et est une pièce centrale de notre raisonnement, que nous ramenons / entrainons (...) aussi donc ici, assez seul pour l'instant, en attendant de nouveaux échanges.

CLARIFICATION =
Je pense que l'éveil est un jaillissement qui donne lieu ensuite à une vaste force sereine et claire - c'est un concept de l'Orient (de l'Inde au Japon). Bouddha dit "moi et toutes choses en ce monde avons réalisé l'Eveil" (cité à peu près), donc c'est une transparence d'une clarté à la fois sereine et éblouissante avec tous les phénomènes possibles de la vie (même ceux qui habitent les sphères intermédiaires du surnaturel ou du divin, qui sont des etres "retenus", non libérés, pour le Bouddha...).

Pour les pratiquants et surtout les maîtres de Zen, la volonté ou le désir d'atteindre l'éveil, comme d'autres poursuivraient le moment de l'orgasme (...), est le principal obstacle de l'éveil. Alors une méthode infaillible, mécanique, afin de...

Néanmoins, si l'on regarde par exemple le monde des kinésithérapeutes ou ostéopathes, certains sont bardés de diplome et n'ont d'effectivité que pour les cas les plus courants et les moins graves. D'autres sortent d'on ne sait où, sont des sortes de rebouteux, sont assez souvent de fortes personnalités, et sont efficaces même dans des problèmes très intriqués avec une simplicité effarante. Dans le monde (du talent, du bon-point...) de l'extatique spirituelle, il en est peut-être un peu ainsi.

Le Zen Rinzaï a des techniques de travail rythmées (souffle), des mises à l'épreuve mentales et physiques, qui cherchent (oui) à "débloquer" quelque chose pour atteindre l'éveil. Le Zen Soto dit qu'il ne faut pas le poursuivre, il s'échappe précisément dans ce pas. C'est donc l'assise courante, la méditation en zazen, qui est l'éveil, à travers tous paysages. Car l'éveil se vit à travers tous paysages, avant, et surtout (pour qu'il soit vrai) après l'illumination (de longues années).

Dans les classiques du Zen (dans mon cas, accès indirect), l'éveil est presque obligatoire cléricalement pour transmettre le droit d'autorité, alors il y a énormément de récits, très farfelus, certains assez déroutants de presque ridicule peut-être. Puis, j'imagine parce qu'il y avait des abus, l'éveil n'est plus devenu obligatoire pour progresser et être institué, il s'agissait d'honorer une vraie diligence à la pratique et l'enseignement. Selon les époques, telle ou telle chose a de la valeur, et envahit les étals. Regardez les supermarchés de notre monde. L'éveil, à certaines époques, a été très vanté. Comment évaluer quelque chose que l'on ne doit pas attendre pour l'obtenir ?

A DISCRETION =
Personnellement,cette notion d'éveil est un pied-de-nez, parfois douloureux. Souffrant une maladie lourde depuis vingt-cinq ans, ayant été soumis tout ce temps, et surtout au début, à des traitement médicamenteux efficients donc puissants, encore aujourd'hui, s'éveiller, tout simplement la rencontre du petit matin ou de la matinée, est une chose difficile, pénible quelques fois.

J'ai donc des réveils plus proches d'un alcoolique (disons) que d'un sage bouddhiste, un mirage Zen... Etre du soir ? Honneur au coucher ? Contre nature, je crois, car dans mon cas maladie et affection sont à contre-sens.

Reflet, le matin, l'eau, la lumière, l'air, et le son sont très clairs, après moins. Fait tard (...), les choses rentrent tout au plus dans l'ordre. Et ont ce seul bonheur. Celui de se poser, reposer.


« Modifié: octobre 16, 2010, 16:50:43 pm par zendoken »
La hauteur que le ciel n'a pas, la montagne l'a. La hauteur que la montagne n'a pas, le ciel l'a...

Hors ligne zendoken

  • Initiateur de Yi Quan (boxe interne)
  • Bébé dragon
  • *
  • Messages: 62
  • Sagesse: 8
  • Sexe: Homme
  • Jean-Philippe Erbin (Yon en basque)
    • Portail International (anglais)
Re : méditation et vertu physique ?
« Réponse #7 le: octobre 16, 2010, 13:15:45 pm »

PREAMBULE =
Je transpose ici ma contribution dans une autre discussion (que j'ai semble t'il relancée) sur "la méditation de la marche", dans le cadre d'éléments que j'ai interposés. En toute vérité, la dite discussion était en demeure depuis un an. Or, même s'il est d'un vrai intérêt de constater que certains sont maîtres de leur propos (et de leur centre), et font des exposés nourris et clairs (voir la discussion "la méditation de la marche"), je m'étonne de constater comment, et avec quelle force centrale (...), la méthode nommée Hida (de centration pour l'éveil tout autant physique que mental, corporel que spirituel - enjeu ici tout autant) est venue "écrabouiller..." les dits nons-sens ou plutôt non-centre de la méditation courante, bouddhiste par exemple... Ne serait-ce pas parce que la méthode Hida, que je ne connaissais pas mais qui semble un avatar tout à fait contemporain (pardonnez mon ton un peu criard mais disons que le Zen est mal centré), est plus proche de la présence et affirmation du corps moderne, martiale et / ou technologique, plus proche des muscles (et structures) et de l'égo de l'homme moderne ? A chaque vie, à chaque époque, ses yoga...

INTERVENTION =
Lors de l'introduction du bouddhisme en Chine, dans les premiers siècles de notre ère, les chinois, et notamment les puissants (monarques, administrateurs) étaient très friands de techniques yogiques, l'Inde était un pays source de puissance (magique, notamment), et ils accueillaient et recherchaient le bouddhisme et le Zen de cette façon, comme un avatar yogique donc.

Comment s'est constitué le Zen (Tchan en Chine), face à ce phénomène disons de vases communiquants, entre Inde et Chine, et qui interposait les puissances éventuelles d'un surnaturel yoga comme argument (en ces temps le surnaturel était peut être l'équivalent de notre ambition technoïde) et sachant que le bouddhisme dit Voie du Milieu s'est constitué en réaction aux prétentions mirobolantes pour lui des yogas religieux ?

Il a précisément refusé ce propos, et tout le labeur des premiers patriarches, a été de fronder ces passions de façon très austère, très minimaliste, où l'attitude est d'abandonner la prétention, le "susceptible de...", et en fonction de cette attitude, on a adjoint à ces premiers maîtres Zen des pouvoirs tout autant inconsidérés parfois.

Car pour qui connait la méditation Zen (par la pratique), sa pondération interne aux phénomènes du temps qui transcourt et surtout de l'espace traversé par le temps, révèle que ce que nous appelons surnaturel est sûrement le jeu interne des forces que l'on trouve dans la nature. Imaginer une brise de vent, certes pour déployer la musique des branchages des pins, mais disons pour un fin pétale de paquerette ? C'est gigantesque, comme un ouragan pour nous.

Ainsi lorsque l'on marche en montagne, l'on pourrait considérer la seule altitude, mais l'altitude, c'est un dénivelé positif et un dénivelé négatif, l'un et l'autre ne s'annulent pas, ils sont proportionnels et cumulés. Donc de quelle(s) altitude(s) s'agit t'il lorsque l'on traverse au long cours les montagnes, lorsque l'on traverse la vie, lorsque l'on traverse un temps ?

Ainsi le Zen, dans l'abandon de ses prétentions, mais ni dans une mort presque objet ni dans une torpeur presque animale, mais dans une modérée mais éclairée attention interne et intermédiaire, constate que l'homme et son double, l'ignorance transcendée en double / puissance physique ou technique, cernent les motifs de vie, astreignent et étouffent éventuellement la liberté de vie, la liberté de souffle.

La liberté de souffle, lorsqu'elle est vraiment libre et comprise / incluse, souffle tout autant, tel qu'il advient, le contexte et sa considération. Le Zen n'est pas un centre. Le Zen n'est rien. Et de la même façon que de multiples méditants ne sont qu'un instant, un moment, sur le long chemin du Zen, de multiples combattants à l'école du farouche, ne sont qu'un instant, un moment, sur le long chemin du combat.
« Modifié: octobre 16, 2010, 17:47:08 pm par zendoken »
La hauteur que le ciel n'a pas, la montagne l'a. La hauteur que la montagne n'a pas, le ciel l'a...

Hors ligne zendoken

  • Initiateur de Yi Quan (boxe interne)
  • Bébé dragon
  • *
  • Messages: 62
  • Sagesse: 8
  • Sexe: Homme
  • Jean-Philippe Erbin (Yon en basque)
    • Portail International (anglais)
Re : méditation et vertu physique ?
« Réponse #8 le: octobre 16, 2010, 16:45:09 pm »

PREAMBULE =
Autre importation ici (sur cette discussion) d'une de nos contributions sur un fil qui n'était pas des plus à propos pour ça... Le Yi Quan qui, au début du XXème siècle, a repris au coeur de sa stratégie martiale, le travail intense postural, qui était une constante dans les cercles internes / réservés des disciplines martiales chinoises, et qui était une pièce ancienne pour ne pas dire archaïque des confrontations religieuses de l'Antiquité (avec le rapport à la puissance naturelle), est-il une présence contemporaine des héritages spirituels et méditatifs d'Extrême-Orient ?

La principale posture est couramment nommée, dans sa transcription japonaise, Ritsu Zen (Zen debout), et effectivement est attestée en Chine comme Chan Li (même traduction). Le Yi Quan est une discipline moderne et laïque, qui d'ailleurs s'est intégrée jusque dans la Chine communiste, même des années 1950. Peut-on considérer que par une certaine matière poètique, il y ait un lien entre des attitudes très religieuses à l'origine (dans l'optique méditative) et des attitudes tout à fait modernes (dans leur choix de démarquer la valeur culturelle et sociale) ? Les uns face à la puissance de la nature des choses, les autres face à la puissance de l'industrie des choses ?

Le principe du Yi Quan est que le recouvrement / la sagesse du corps n'existe que dans la pratique des contradictions (forces opposées entre elles dont l'étude permet un jeu dans la durée, et ainsi une intégration reportée vers d'autres terrains de confrontation, etc...). Ainsi d'un point de vue nerveux, tendineux, musculaires, osseux, l'ensemble de l'acuité physique est reportée comme les mouvements de marées et leurs vagues internes, dans un espace de vie disons compris...


COLLABORATION =
Le travail d'énergie, dans le Yi Quan (pour suivre notre exemple d'une pratique...), c'est quelque chose qui n'est pas soi ou à soi: ... La ou les postures de l'arbre, la base (60 à 70 % du temps) des entrainements, ça ressemble au Zen, de fait on l'appelle le Zen debout.

Vu de l'extérieur, on croirait que rien ne se passe (quoique dans mon école, on ne fait pas l'arbre mort, mais plutôt un arbre qui ondule, assez puissament, vif ou avec largesse).

Energétiquement, on sait qu'un arbre crée un champ de vie, par son tronc, ses branches (voire ses feuilles), tout autour de sa structure. On sait que c'est un microcosme, et que dans cette "aura" qu'il façonne sur son lieu même, c'est un univers relativement autonome de ce qui l'entoure, et qui a une force autonome qu'il nourrit face au contexte. Les oiseaux aiment bien ça d'ailleurs (...).

Donc, c'est cette autonomie de force, ce nourrissement, cette modulation relativement indépendante, qui fait l'objet des postures de l'arbre, avec des techniques de pratique (attention...) qui consistent à joindre les circuits de cette globalité du corps, en éprouvant les forces dites contradictoires (pousser/tirer, etc...) au niveau musculaire, tendineux, nerveux... C'est là qu'est la force interne, dans cette cohérence de nos recours charnels les plus mineurs, jusqu'aux os.

A un bon niveau (au dessus du mien je crois), ..., le Yi Quan ne réagit pas tactiquement au frottement ou à la pression du geste de l'adversaire mais à sa teneur énergétique tout de suite ressentie je crois.

Ainsi notamment, le Yi Quan, par le calme et la puissance des entrainements, reconnait tout de suite, parfois avec quelques temps d'avance (fortes anticipations), les teneurs agressives, la violence en acte (forme de souffle), qui se dirigent vers soi.

Et il ne réagit pas tactiquement au contact, ..., mais à l'expression (laquelle ? c'est senti et compris par le corps bien avant d'être compris par l'intellect ), l'énergétique de ce qui l'approche, le rejoint.

Le travail presque méditatif (type Zen) mais massif et naturaliste (type taoïste ou chamane) des postures dans la nature des heures et des heures, c'est une notion très lente (attention...) d'écoute, à toute conjoncture, temps et nature, qui s'écoule en rapport à notre situation.

C'est à ce niveau là, qu'en fonction d'une agression qui arrive, il peut y avoir "force explosive" (ça se travaille comme technique aussi, il y a le cumul de puissance, et le lacher). Mais il faut que la pratique assidue, de jours en jours, aille au delà de la saisie (le flash, l'écran...) de la conscience, car l'image du truc (...) c'est plutôt un coup que l'on se donne (à soi-même) qu'autre chose.

La hauteur que le ciel n'a pas, la montagne l'a. La hauteur que la montagne n'a pas, le ciel l'a...

Hors ligne zendoken

  • Initiateur de Yi Quan (boxe interne)
  • Bébé dragon
  • *
  • Messages: 62
  • Sagesse: 8
  • Sexe: Homme
  • Jean-Philippe Erbin (Yon en basque)
    • Portail International (anglais)
Re : méditation et vertu physique ?
« Réponse #9 le: octobre 17, 2010, 13:41:44 pm »

@ tous,

en plus de la discussion "la méditation de la marche",
dont certaines de nos positions ici sont transposées, doublées (en notre nom propre...),

il y a aussi cette discussion, "pratiquer zazen":
http://forum.webmartial.com/index.php?topic=1721.0

Pour ceux qui découvrent ce fil de discussion, et ne voient plus zendoken s'agiter sur WebMartial,
voici des raisons d'être ailleurs (en lieu propre):
http://forum.webmartial.com/index.php?topic=2797.0


« Modifié: octobre 22, 2010, 13:01:34 pm par zendoken »
La hauteur que le ciel n'a pas, la montagne l'a. La hauteur que la montagne n'a pas, le ciel l'a...

 


* Newsletter

S'abonner à la newsletter de Webmartial

Votre email :

Chaque mois, l'actualité des arts martiaux et des sports de combat dans votre email !