Il y a deux ans, j’avais lancé ce Topic pour recueillir vos avis et approches de la self-défense afin de faire évoluer ma propre approche de cette discipline.
Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous le résultat de nos recherches et la pédagogie que nous avons commencé à mettre en place dans notre enseignement. Ces quelques lignes vous donneront peut-être des idées pour votre propre pratique ou vous inspirera des commentaires qui me permettront encore d’avancer.
Tout d’abord, outre votre précieuse aide au sein de ce topic, voici nos inspirations et références pour notre enseignement. Nous nous intéressons beaucoup aux travaux des personnes suivantes :
- Tony Blauer (SPEARS)
- Richard Dimitri (Senshido)
- Jim Wagner (Reality Based Personnal Protection)
- Jim Grover (combatives)
- Robert Paturel (boxe de rue)
Le site de David Manise et le livre Neurocombat sont également une mine d’informations.
Voilà, ces quelques références permettront à ceux qui le souhaitent de faire quelques recherches.
Voici maintenant comment je conçois l’enseignement d’une self-défense réaliste (bien entendu, ces quelques lignes n’engagent que moi et dans une discipline telle que la self-défense, l’humilité est de rigueur…
) :
1- Côté prévention :
Travail de la gestion de la distance et principes des gardes passives.
Grands principes de la désescalade verbale.
2- Côté techniques :
- Les techniques d’engagement physique doivent solliciter en priorité les « gross motor skills » (mouvements grossiers et peu complexes) et se rapprocher le plus possible des réflexes naturels. En effet, dans un contexte violent changeant constamment de manière ultra rapide et par définition chaotique, les techniques nécessitant de mobiliser des fortes ressources de coordination de mouvement deviennent en grande majorité inopérantes. Sans compter qu’un stress intense fait baisser de manière drastique nos capacités motrices et d’analyse des situations complexes.
- Le nombre de techniques est limité à une vingtaine. Ce qui permet un temps de réaction plus rapide car on limite les risques de conflit de choix de la technique à appliquer en fonction de la situation.
3- Côté préparation au combat :
- Travail prononcé sur le cardio. Permet une meilleure résistance au stress et si nécessaire, une meilleure endurance pour piquer un sprint.
- Sparrings à thème
- Sparrings surprises
- Multiplier les types de situations (sur tatami, béton, dehors, en vêtements de sport, en vêtements de villes…)
- Pour la progression, nous travaillons de la manière suivante : Travailler chaque principe de combat isolément, puis introduire une variable supplémentaire (exemple : frappes au sol), puis une contrainte supplémentaire (exemple : la victime porte un gros manteau ou un sac).
4- Côté habituation à la violence et gestion du stress :
- Travailler sous pression : Par exemple la victime est plaquée contre le mur et n’a pas le droit de s’en dégager. Durant tout l’exercice, l’agresseur envoie une série de frappes sur la victime qui pare comme elle le peut. Autre exemple : la victime au sol subit les assaults de 3 agresseurs et doit rester suffisamment lucide pour frapper une cible en mouvement (du type pao)
- Sparrings en état d’épuisement musculaire contre un agresseur frais (simule les effets physiologiques du stress : rythme cardiaque élevé, membres lourds, coordination de mouvement altérée…)
- Quelques exercices de prise de conscience. Exemple pour le travail au couteau : La victime porte un T-Shirt blanc et l’agresseur tient dans sa main un feutre (simulant le couteau). Au signal de l’instructeur, l’agresseur se rue de toute sa rage et de toute sa vitesse sur la victime qui se défend comme elle peut. Au bout de 10 secondes, on compte les traces de feutre. Redoutable !
- Exercices de mise en situation (scénarios tactiques). Pour l’instant, nous n’avons pas encore expérimenté ce type d’exercices mais espérons le faire d’ici quelques semaines.
Enfin, nous abordons l’aspect légalité en présentant et expliquant la loi sur la légitime défense, les difficultés et traumatismes physiques et/ou psychologiques survenant suite à une agression (Ce dernier point reste pour notre part à développer plus sérieusement dans notre enseignement).
Voilà. J’espère que ces quelques lignes vous auront intéressées et vous apporteront matière à réflexion. Si vous avez d’autres pistes à nous soumettre pour notre progression, n’hésitez pas.