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Il y a 40 ans: Foreman - Ali
« le: octobre 28, 2014, 15:37:18 pm »
IL Y A 40 ANS: FOREMAN - ALI


Le 30 octobre 1974 à Kinshasa, le plus célèbre combat de l’histoire "The Rumble in Jungle" oppose Muhammad Ali au terrifiant Georges Foreman.

Le Chef d’œuvre de King
 Peu pensait Don King, un jeune promoteur sorti de prison trois années auparavant, capable d’organiser ce choc entre l’invaincu champion et le plus médiatique des boxeurs. Suite au fiasco vénézuelien de Foreman - Norton, King ne possède pas les ressources financières pour espérer une telle entreprise.

Mais il réussit à convaincre Muhammad Ali par l’entremise d’un ami musicien (Lloyd Price), puis Georges Foreman au motif de la solidarité afro-américaine.
 Il boucle un subtil montage avec l’appui de la Vidéotechnic, une société américaine de diffusion en circuit fermé (qui installe 357 écrans à travers le monde afin d’attirer 2 millions de téléspectateurs payants), et la garantie de 10 millions de dollars en bourse faite par le colonel Joseph Désiré Mobutu, (un cadeau au peuple Zaïrois, précise l’affiche !).

L’Afrique : terre sacrée !

La stupeur générale accueille l’annonce du lieu de ce championnat prévu tout d’abord le 25 septembre. Si les considérations financières l’expliquent, ce choix marque surtout par sa forte symbolique politique.
 Cette ancienne colonie belge devenue indépendante fût victimes de nombreuses déportation d’esclaves vers les Etats-unis. Le terrain idéal pour un homme qui s’est battu pour une certaine idée de la liberté. Muhammad Ali débarque le 11 septembre à Kinshasa. Des milliers de Zaïrois sont au rendez-vous : même privés d’électricité, tous connaissent "leur frère d’Amérique".
 Devant tant de visages de gosses heureux de le voir et tant de dessins peints sur les murs à sa gloire, Ali chavire : "Je suis ici chez moi ". Convié au palais présidentiel, il s’adresse à Mobutu : "Mr le président, je suis citoyen américain depuis 32 ans, et je n’ai jamais été invité à la Maison Blanche, soyez assuré de l’honneur d’être convié à la Maison Noire".

Une presse unanime : vers le massacre programmé d’Ali.

 Personne ne donne la moindre chance à Ali. A 25 ans, Foreman semble invincible. Il impressionne tant qu’on le qualifie de plus terrifiant combattant jamais vu sur un ring !. Son punch vient de pulvériser les deux vainqueurs d’Ali (Frazier et Norton). En trois championnats, il n’a passé que 12 minutes sur le carré magique.
 Dix ans après son succès sur Liston, Ali tente un pari insensé devant un adversaire de 8 ans son cadet, bien plus lourd et puissant. Devant la présence massive et hostile de Foreman, la presse alimente ses craintes de voir tourner l'affrontement en massacre.
Comment Frazier et Norton ont pu tenir 24 rounds face à Ali et même pas 5 minutes face au champion ?! Georges, Ne tue pas le vieux Muhammad !.

Ali, agacé par tant d’unanimité et de certitudes se fâche : " Foreman est lent et ses pieds sont plats.
 Tout le monde croit qu’il va m’anéantir ! Vous n’avez pas retenu la leçon face à Liston ? Je vais quitter la boxe comme j’y suis entré : avec fracas, en détrônant un monstre invincible ! Vous qui croyez que Foreman va me punir ! Je vais démontrer pourquoi votre George ne peut pas me battre. Ce combat ne sera pas seulement le plus grand événement de la boxe : il sera le plus grand événement de l’histoire : le plus important cataclysme jamais vu et pour ceux qui ignorent tout de la boxe : le plus grand des miracles !".

Un report de cinq semaines !

 Malheureusement à quelques jours du rendez-vous, l’arcade de Foreman cède lors d’une séance d’entraînement. Le challenger qui sait que son adversaire ne se sent pas à l’aise dans ce climat, craint sa fuite. Au terme de longues discussions, King persuade les deux camps de différer la « rixe » de 5 semaines : au soir du 30 octobre 1974 à 3 heures du matin locales, afin de favoriser la retransmission à heure de grande écoute aux EU.
 Les deux boxeurs s’engagent à rester sur place pour parfaire leur préparation. Une aubaine pour Ali qui se nourrit de son triomphe populaire. Tous ses footings s’accompagnent d’un bain de foule extraordinaire. Il tombe à 97 kilos : un poids qu’il n’a pas atteint depuis son retour sur les rings.

 De son coté, à Nsele (à 60 kilomètres de la capitale), Les longues séances de frappe au sac du texan effraient de puissance. Son manager, Dick Saddler, décolle sur chaque impact. En une poignée de minutes, un trou (aussi gros que sa tête) déforme le cuir. Sa facilité à « couper la route » à ses sparrings poids moyens très mobiles et son assurance : "Qu’importe la durée, l’important c’est que j’arrive à le toucher et je le descendrai tôt ou tard", compensent sa souffrance. Celle que lui inflige moralement Ali par ses multiples déclarations qui le privent de la moindre popularité. "Je suis deux fois plus noir qu’Ali, et pourtant les gens ici ne m’acclament pas !"

Entre peur et prière
 En cette nuit somptueuse du 30 octobre, une toute autre atmosphère règne dans le vestiaire d’Ali. Aucun mot ne pourra jamais décrite cette interminable attente, ces incroyables montées d’adrénaline et de craintes ; ces minutes pesantes quasi religieuses… Ali et tous ses fidèles prient de longues minutes à genoux,. Dundee et Bundini livides, dont l’angoisse marque le faciès trouvent quelques mots si précieux : "Oublie tous les combats ! Il n’y a que celui-là : un homme face à un homme, une âme contre une autre.".


Une guerre tactique, physique, et morale.

 Monté en premier sur le ring dans un superbe peignoir blanc à motifs islamiques, Ali se livre à une séance de « shadow » qui soulève l’enthousiasme général. Puis, il fixe le ciel une nouvelle fois…
 
Foreman use d’un vieux truc : le faire attendre délibérément. Lorsque le champion surgit, il mesure son rôle de « mal aimé » alors qu’Ali semble s’être alimenté de l’ambiance durant l’attente. Hué, le tenant du titre court vers le ring comme pressé d’en finir… Aux bords du ring, il reçoit un regard assassin d’Ali qui bat la mesure de son poing droit sur les chants "Ali, Buma Yé !" (Ali, tue le !). Le challenger a déjà commencé son combat. Il s’en prend en profondeur aux forces mêmes du désir du champion. Il cherche à créer la contradiction en lui : le forcer à admirer ce triomphe populaire qu’il rêve tant d’avoir.

Pourtant dès le coup de gong, le champion surprend : la qualité de son pressing empêche tous dégagements latéraux et boxe à distance. Sans cesse pourchassé, Ali est enfermé régulièrement dans les cordes.

 L’entraînement spécifique de Foreman semble payer. En fin de round, le challenger réplique, mais au second round, Ali semble toujours dans l’incapacité d’appliquer ses prédictions "danser, voltiger et aiguillonner".

Il souffre devant la multitude de coups et semble obligé de s’accrocher. Quelle volonté de détruire et de faire mal chez Foreman !
 Les coudes sur l’estomac, la garde haute, Ali s'adosse aux cordes. Il se penche en arrière, sans effort inutile, la tête et le torse hors du ring, pour éviter le pire.

Mais si Ali ne tient son salut qu’à son métier, il se permet d’insulter son rival sans cesse en corps à corps : "C’est ton meilleur coup Georges ? Tu n’as que cela à m’offrir  ??? Tu es une fillette !".
Ali continue son empoisonnement moral afin de faire naître le doute et le sentiment d’infériorité dans l’esprit de Foreman.

L’immense foule qui assiste à la punition encourage Ali à quitter les cordes. Mais Ali, bien protégé, laisse frapper le champion pour contrer par de courts directs gauche précis et quelques uppercuts vicieux.
Persuadé à chaque reprise, que le combat ne durera pas, le texan n’écoute pas les conseils de Pep qui lui demande de boxer et de ne plus cogner comme un ouragan.

 A la fin du 4ème round, Foreman qui ne s’assoit jamais demande un tabouret. Il va livrer pour la première fois de sa vie un 5ème round. De plus en plus mal coordonné, sa puissance semble émoussée. Ses coups partent désormais au ralenti. Comme un taureau essoufflé, Foreman , les pommettes déformées, une grosse bosse au front, semble fatigué. Il avance encore mais la garde basse, il encaisse toutes les banderilles. Soudain dans le 8ème round, un nouvel enchaînement conclu par une splendide droite le cueille au menton. L'impensable arrive, "Foreman is down" ! L’arbitre Zack Clayton le compte 10 ! Le stade explose, le ciel s’ouvre et la pluie tombe tel un signe de dieu !

Le respect unanime, à jamais !
 
 Privé du titre depuis sept années, Muhammad Ali redevient champion du monde des lourds. Il est le second boxeur à reprendre ce bien (après Floyd Patterson).
Il obtient surtout la reconnaissance unanime pour sa détermination et sa volonté.

 La conférence d’après combat se transforme en véritable inquisition : "Rampez connards de journalistes, je vous avais dit que ce type n’était rien ! Ne me donnez jamais plus perdant jusqu’à mes 50 ans..".
 Foreman analysera : "J’ai livré les coups les plus puissants de ma vie. Ils auraient mis le monde entier KO".
 Miné par cette défaite, après quelques sorties devant Frazier, Lyle et Young, il abandonnera la boxe pour devenir pasteur.
 Vingt ans plus tard à l’âge de 46 ans, il réussira un exploit exceptionnel : récupérer lui aussi le titre.

 Elu "boxeur de l’année" par The Ring Magazine Ali prolongera son règne jusqu’en 1978 (11 défenses victorieuses) date où il réussira à reprendre son titre une troisième fois. Mais il fera l’erreur d’accepter deux combats de trop en 1980 et 1981.

 Sa facilité gestuelle et sa fluidité technique ont souvent été souligné pour le classer comme l’un des meilleurs, mais il ne faut pas sous estimer son extraordinaire mental et sa capacité de résistance hors norme.


Sebastien Boniface, le 27 Octobre 2014

 
 

« Modifié: octobre 28, 2014, 22:58:54 pm par moderation »
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