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Explications sur les contentions adhésives L’utilisation du « strapping »*

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jomtien:
Explications sur les contentions adhésives
 
Introduction

L’utilisation du « strapping »* a fortement évolué depuis son importation des Etats Unis il y a plus de 50 ans. Il constitue un outil thérapeutique important pour le kinésithérapeute de terrain.

 La contention adhésive est essentiellement utilisée dans le domaine du sport mais elle trouve également sa place en exercice libéral pour remplacer ou suppléer une orthèse suite à une entorse par exemple, ou encore pour corriger certaines anomalies morphologiques en pédiatrie.

Même si l’efficacité d’un bandage contensif n’est plus à prouver (se référer aux travaux de CORDIER), il est important de repréciser un certain nombre de principes et de connaissances qu’il faut garder à l’esprit lorsque l’on veut réaliser un « strap »* réellement efficace.

*Les mots « strap » ou « strapping » sont utilisés à tort pour parler de contention adhésive.
 Car « strapping » en anglais signifie : bandage adhésif extensible alors que les anglosaxons utilisent le mot « tapping » pour un bandage adhésif inextensible ou rigide. En France, les contentions étant le plus souvent mixtes (alliant « strapping » et « tapping »), le mot « strapping » devient inexact. Afin qu’il n’y ait pas de confusion lors de la lecture de notre travail et pour ne pas choquer les puristes, nous avons décidé d’exclure ces deux termes anglais et de les remplacer par des termes plus génériques que sont : contentions adhésives ou bandages contensifs.  

Quatre modes d’action

1. Action mécanique

a) De limitation plus ou moins importante des mouvements :
c’est la première action recherchées par le thérapeute. Elle va permettre de suppléer un ligament déficient ou pas complètement cicatrisé en limitant les contraintes en traction sur les fibres de collagène. Son intérêt sera d’autoriser une reprise de terrain tout en limitant le risque de rechute liée à une faiblesse musculaire ou à une anticipation de la reprise. Le maintien articulaire sera d’autant plus strict que la tension des bandes sera importante. En revanche, la limitation de la mobilité articulaire par le bandage va plus ou moins altérer l’efficacité du geste sportif.

 Le compromis entre mobilité et stabilité doit donc être le souci numéro 1 du thérapeute lors de la pose de la contention. Cependant, la répétition des contraintes mécaniques sur celle ci couplées à la transpiration pourra entrainer petit à petit des glissements des embases et des bandes, ainsi qu’un passage à la phase plastique des fibres élastique des bandes extensibles, réduisant ainsi l’effet stabilisateur de celles ci. Cela justifie le renfort d’un bandage contensif par des bandes adaptées, à la mi temps d’un match par exemple. Cette action de limitation de mouvement est recherchée pour des atteintes articulaires et ligamentaires mais également pour des lésions musculaires et tendineuses afin d’éviter le secteur articulaire qui mettra en course externe ces derniers.

b) De maintien dans le cadre de lésions musculaires pour donner un effet fascia : ici les bandes ont pour objectif de répartir les contraintes générées par la contraction du muscle à l’ensemble du fascia, soulageant ainsi le site lésionnel.

c) D’aide au mouvement : ceci est bien entendu permis par l’élasticité des bandes extensibles et permet de réduire le travail du complexe muscle/aponévrose/tendon pour un effort donné. Cette action sera d’autant plus efficace que le nombre de bandes sera élevé. la qualité des bandes est primordiale pour permettre cet effet qui diminuera au fil de l’effort.

d) De compression : pour limiter la formation d’oedème et d’hématome en post traumatique immédiat (lésion musculaire, entorse). Les bandages de contention ont aussi des effets hémo dynamiques :
le contre appui des bandes sur la face externe des vaisseaux superficiels agit favorablement sur la circulation sanguine de retour. Mais cela peut être à double tranchant puisqu’un bandage mal réalisé (trop serré, pressions non homogènes) pourra avoir l’effet inverse en empêchant le retour veineux, gênant considérablement l’athlète.

2. Action extéroceptive : sensation de la bande au contact de la peau et de la pilosité

L’extéroception est étroitement liée à la proprioception. En effet, les informations fournies par les tractions cutanées et pileuses viendront informer le sujet sur sont état articulaire. Ces informations sont donc susceptibles de mettre en jeu des réactions proprioceptives au même titre que les mécanorecepteurs profonds.
Cet argument remet en question l’utilisation de mousse protectrice qui réduit très largement l’extéroception en jouant le rôle d’interface entre la peau et la face collante des bandes.

3. Action proprioceptive

Selon certains auteurs, le port d’une contention augmente le tonus de base et donc améliorerait la vigilance du sujet. Ce fait peut être sujet à controverse puisqu’une contention surtout avec des bandes inextensibles aura plutôt tendance à contrer cette propriété.

4. Rôle psychologique

Essentiel chez un sportif puisqu’il donne un sentiment de sûreté et de sécurité indispensable pour sa performance. C’est un facteur à ne pas négliger dans le sport de compétition ou de haut niveau où la différence se joue à un détail.

Trois catégories de contention

A choisir en fonction de l’objectif recherché :

– Souple ou élastique

• Adhésive

• Non adhésive

– Rigide ou inextensible

– Mixte

Les interrogations du thérapeute

Lorsque le thérapeute pose une contention, il doit se poser un certain nombre de questions :

– A qui s’adresse ce montage ? Personne sédentaire ou sportif en compétition.

– Quel est le sport ? Sport en charge ou en décharge.

– A quel stade de la blessure est le sportif ? Post traumatique immédiat, phase de reprise.

– Quelles bandes vais je utiliser ? Taille et type de bande.

– Pour quelle(s) articulation(s) ? Pour une entorse de cheville : atteinte isolée de la tibio tarsienne ou atteinte associée de la tibio fibulaire inférieure et/ou de la sub talaire.

– Quel est le but du montage ? Compressif, préventif, limitatif.

– Combien de temps le bandage sera t il porté ? 40 minutes ou 72 heures.

Les principes à respecter

– Respecter la cinésiologie et la biomécanique de la zone lésée : chaque bande posée doit avoir un but précis et une cohérence anatomo cinésiologique.

– Adapter la contention à la pathologie du patient et au stade de celle ci.

– Adapter la contention au but recherché.

– Adapter la contention au patient : corpulence, ressenti personnel.

– Adapter la contention au sport pratiqué et au poste occupé : ce qui implique une connaissance parfaite du sport en question.

Les principes suivants, ayant un aspect plus pratique sont aussi à prendre en considération :

– Confort : les bandages contensifs doivent toujours être faits dans un souci de confort pour le sportif. Confort qui conditionnera l’efficacité du geste sportif. Cela implique :

• De faire le moins de plis possible : surtout au niveau plantaire ;

• D’homogénéiser la pression des bandes pour éviter toute barrière circulatoire.

– Compression : éviter de comprimer les paquets vasculo nerveux et les nerfs superficiels (creux poplité, pli de flexion du coude, col fibulaire, styloïde du cinquième métatarsien…).

– Préparation de la peau : nettoyer et si possible dégraisser la peau.

– Ne pas terminer les bandes sur des zones de frictions : risque de décollement (face médiale des cuisses, face plantaire des pieds).

– Utilisation de mousse dans des cas particuliers :

• Protection de la peau : prévenir les allergies à la colle, pour des contentions à porter plusieurs jours ;

• Fragilité cutanée : pédiatrie, plaie ;

• Protection des zones anatomiques saillantes : tendon…

– Inconvénients liés à la mousse :

• Diminution de l’efficacité du montage par réduction de la surface collée et par la création d’un espace de glissement entre les bandes et la peau ;

• Réduction des effets extéroceptifs des bandes par rupture de contact direct avec la peau.

– Utilisation parcimonieuse des bandes, pour des raisons :

• Economiques et écologiques ;

• De confort : la superposition de bandes impose une épaisseur importante qui peut être gênante.

Les objectifs des contentions

– Comprimer : pour lutter contre les phénomènes liquidiens (phase compressive du protocole RICE par exemple).

– Maintenir, stabiliser, limiter un secteur angulaire.

– Suppléer, renforcer un tendon ou un muscle.

– Fixer une articulation : pour permettre la cicatrisation d’un ligament.

– Mixte : par exemple après une entorse de cheville, comprimer pour limiter l’oedème tout en stabilisant l’articulation pour réduire les contraintes en traction sur les ligaments en cours de cicatrisation.

En exercice libéral, l’utilisation des contentions nécessite la connaissance d’éléments importants.

En effet, si les contentions présentent de nombreux avantages, il faut savoir qu’un strap (bandes extensibles) perd plus de 65 % de son efficacité mécanique au bout de 24 heures. Ceci implique donc, d’après M. CORDIER, de renouveler le montage tous les jours. Le coût de cette pratique serait difficilement acceptable pour l’assurance maladie et le patient.

La contention adhésive n’est pas pour autant une technique à marginaliser, au vu des nombreux avantages qu’elle apporte. Il faut donc réfléchir à comment diminuer ce coût sans perdre son efficacité. Un premier élément de réponse concerne les montages de maintien d’une articulation, permettant la mise au repos des ligaments lésés.

 En effet pour ceux ci, il semble préférable d’utiliser des bandes rigides, non élastiques, qui ne peuvent pas, intrinsèquement perdre leur efficacité mécanique. Cette perte d’efficacité existera tout de même, sur l’ensemble du montage, du fait du décollement et du glissement des embases qui auront comme conséquence une détente des bandes actives. Malgré tout on peut penser que cette perte sera moins rapide et peut être moins importante avec un montage mêlant ainsi les deux types de bandes. Un deuxième élément, concerne les montages à but compressif. En effet dans ce cadre là, l’utilisation de bandes non adhésives (bandes auto adhésives) réutilisables est intéressante. Le montage peut ainsi être refait régulièrement sans surcoût important mais avec une efficacité moindre tout de même.

En milieu sportif, l’utilisation des contentions adhésives est extrêmement répandue, peut être même trop.

 En effet, M. GAL rappelle que l’utilisation de celles ci ne doit être qu’une solution provisoire. Son but doit être de sécuriser le joueur lors de sa reprise d’activité. Il souligne l’importance de ne pas engendrer de phénomène d’accoutumance par utilisation non justifiée. Ce principe doit être respecté autant que possible.

 Il existe cependant un certain nombre de cas où celui ci n’est pas applicable. Dans le basket professionnel américain par exemple, les assurances imposent aux joueurs de jouer avec les deux chevilles bandées. Dans le cadre du sport, la contention est utile pour faire face à des séquelles de blessures contre lesquelles, il n’y a malheureusement plus rien à attendre sur le plan physiologique, ou lorsque le sportif prend la responsabilité et le risque de jouer blessé. Son rôle ici est palliatif.

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