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Le rapport à la ceinture.

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nipaipo:

--- Citation de: bokken le avril 07, 2016, 22:10:06 pm --- il est très intéressant d'évaluer les notions de respect lorsqu'un kohai (plus jeune) devient plus gradé qu'un sempaï (ancien).

--- Fin de citation ---

c'est vrai, mais à ce jeu là, on a pas forcément besoin de tomber dans ce cas "caricatural"(réel certes), on peut parler tout autant des problèmes de respect dans le cadre plus classique du sempai âgé et du kohai plus jeune...comme disait brassens, "le temps ne change rien à l'affaire, quand on est c... on est c...

certains ont tendance à penser que l'ancienneté(l'expérience...nom qu'on donne à l'ensemble de ses erreurs passées...) ou le grade(pas toujours mérité d'ailleurs...c'est un des problème...) donne tous les droits, en oubliant que le respect est tout autant dû au kohai...

on impose pas le respect...on le gagne...on acquière sa stature, non pas l'autoritarisme, mais par l'exemple qu'on montre aux autres...
malheureusement, il est plus aisé de porter une ceinture et de prendre des grands airs, que d'être performant, disponible, à l'écoute et humain...

didiersksr:

--- Citation de: Ravioli le avril 07, 2016, 16:22:32 pm ---Question bête :
Pour vous, pratiquants de sports assimilés au Budo, que représente la ceinture ?

--- Fin de citation ---

Relativement à ma discipline, la ceinture ou le grade sert essentiellement à indiquer l'avancement dans l'apprentissage et, dans une moindre mesure, la "maturation" du pratiquant.


--- Citer ---Certains critiquent l’obtention par des adolescents faiblards qui ne feraient pas le poids face à des « blancs » plus vieux

--- Fin de citation ---
Faire le poids en quoi ? Quelles sont les objectifs de la discipline ? Comment est construite l'évaluation ?
Si on parle d'exécution technique, un "plus vieux" est-il plus capable qu'un adolescent faiblard qui a la maîtrise de son corps alors qu'il se déplace comme un cochon ivre sur un étang gelé ?


--- Citer ---A quoi la hiérarchisation sert-elle ?

--- Fin de citation ---
Pourquoi un système d'évaluation des compétences doit-il créer un système hiérarchique ? Il y a d'autres manières d'appréhender une progression. Il y a fondamentalement à s'interroger sur l'état d'esprit qui est à l’œuvre dans une discipline : si celui-ci tend à assimiler compétence et positionnement, effectivement, un fonctionnement hiérarchique qui s'installe.
Dans l'autre sens, on peut considérer que tout pratiquant, quelque soit son grade, a nécessairement des connaissances ou des capacités plus étendues que les autres et utiles à l'apprentissage de chacun. Dès lors, chacun contribue au développement des autres. Un de mes élèves est médecin ; quand on va aborder une séquence approfondie sur l'anatomie, j'espère qu'il acceptera de prendre en charge cette partie car il y a toutes les chances qu'il soit plus compétent que moi sur ce domaine. Et cela ne remettra pas en cause mon rôle d'instructeur. Mais, en tout état de cause, aucun des deux n'est supérieur à l'autre, nous avons simplement des niveaux de progression différents.


--- Citer ---Je voyais la ceinture, le bandeau, l'étendard, et non vraiment l'acheminement. Et, finalement, heureusement que je ne l'ai pas passée, car je me rends compte comme il était illusoire de ma part de la considérer ainsi comme la récompense de mon "service".

--- Fin de citation ---


--- Citation de: nipaipo le avril 07, 2016, 17:33:51 pm ---beaucoup de professeurs vivent avec l'idée que la ceinture est la carotte rêvée pour leurs élèves, surtout jeunes...se serait la seule chose susceptible de les faire rester dans leur cours et ils leur vendent la chose comme telle, consciemment ou non.... ça ne peut qu'amener à un certain nombre de dérives...

--- Fin de citation ---

Ce n'est pas surprenant, quasi tous les systèmes d'éducation fonctionnement selon ce mode et ce dès le plus jeune âge : on utilise les ceintures comme les bon-points ou les notes à l'école. Au final, ce que l'on apprend a moins d'importance que le résultat. Pour faire gonfler le nombre de licences, on "adapte" des cours pour prendre des gosses à n'importe quel âge, on a du bébé judo ou du baby karaté. Et pour les garder, on invente des quarts de ceinture. L'une de mes connaissances a deux filles dans les 7-10 ans qui font du karate ; depuis les dernières vacances, elles ne veulent plus y aller parce que depuis le début de la saison elles n'ont pas passé de ceintures... Vaut effectivement mieux qu'elles arrêtent.
Il faut après voir le résultat que donne un pareil système. Si on jette un œil sur la répartition des licences selon l'âge dans les fédérations sportives, la situation est sans appel : après l’adolescence, les affectifs s’effondrent. La carotte n'a d'intérêt que tant qu'on croit qu'elle est due ; quand la réalité s'impose, tout le monde déserte car l'intérêt profond de la discipline n'a pas été inculqué.


--- Citation de: nipaipo le avril 07, 2016, 22:54:34 pm ---certains ont tendance à penser que l'ancienneté(l'expérience...nom qu'on donne à l'ensemble de ses erreurs passées...) ou le grade(pas toujours mérité d'ailleurs...c'est un des problème...) donne tous les droits, en oubliant que le respect est tout autant dû au kohai...

--- Fin de citation ---

Très juste, je n'ai jamais compris en quoi la vieillerie devait, par nature, être respectable.

Vautour:

--- Citation de: didiersksr ---Faire le poids en quoi ? Quelles sont les objectifs de la discipline ? Comment est construite l'évaluation ?
Si on parle d'exécution technique, un "plus vieux" est-il plus capable qu'un adolescent faiblard qui a la maîtrise de son corps alors qu'il se déplace comme un cochon ivre sur un étang gelé ?

--- Fin de citation ---

Le "faiblard" puis le "mais plus encore" suggérait justement un certain dénigrement de ce raisonnement.


--- Citer ---Pourquoi un système d'évaluation des compétences doit-il créer un système hiérarchique ? Il y a d'autres manières d'appréhender une progression. Il y a fondamentalement à s'interroger sur l'état d'esprit qui est à l’œuvre dans une discipline : si celui-ci tend à assimiler compétence et positionnement, effectivement, un fonctionnement hiérarchique qui s'installe.
Dans l'autre sens, on peut considérer que tout pratiquant, quelque soit son grade, a nécessairement des connaissances ou des capacités plus étendues que les autres et utiles à l'apprentissage de chacun. Dès lors, chacun contribue au développement des autres. Un de mes élèves est médecin ; quand on va aborder une séquence approfondie sur l'anatomie, j'espère qu'il acceptera de prendre en charge cette partie car il y a toutes les chances qu'il soit plus compétent que moi sur ce domaine. Et cela ne remettra pas en cause mon rôle d'instructeur. Mais, en tout état de cause, aucun des deux n'est supérieur à l'autre, nous avons simplement des niveaux de progression différents.
--- Fin de citation ---

Je ne tente pas de décrire les faits tels qu'ils devraient être, mais tels que je les ai perçus; et de mon expérience j'en ai tirée qu'il y avait un rapport de "pouvoir", de supériorité, des plus gradés vis-à-vis des non-gradés - d'où le "De prime abord".

Cette considération mise à part, l'avant et l'après sont plus importants : soit la réinterrogation de la méthode même d'évaluation et sa pertinence. En quoi serait-elle nécessaire ?

nipaipo:

--- Citation de: didiersksr le avril 08, 2016, 16:25:23 pm ---Pourquoi un système d'évaluation des compétences doit-il créer un système hiérarchique ? Il y a d'autres manières d'appréhender une progression. Il y a fondamentalement à s'interroger sur l'état d'esprit qui est à l’œuvre dans une discipline : si celui-ci tend à assimiler compétence et positionnement, effectivement, un fonctionnement hiérarchique qui s'installe.
--- Fin de citation ---

disons qu'un système d'évaluation allant de pair avec une hiérarchie, n'est pas une mauvaise chose...aussi longtemps que l'évaluation est correcte...

l'erreur, pour rejoindre ta réflexion et pour la formuler peut-être autrement, consiste à penser que la hiérarchie consiste en un échange unidirectionnel...tout bon système hiérarchisé passe par une écoute de la part de la "tête", de ce qu'a à dire la "base"...c'est encore plus vrai dans une hiérarchie qui s'inscrit dans un enseignement, ne serait-ce que pour apporter les bonnes corrections aux vrais problèmes et questions que se posent les kohais...


--- Citer ---L'une de mes connaissances a deux filles dans les 7-10 ans qui font du karate ; depuis les dernières vacances, elles ne veulent plus y aller parce que depuis le début de la saison elles n'ont pas passé de ceintures... Vaut effectivement mieux qu'elles arrêtent.
--- Fin de citation ---

ou pas...fondamentalement, ce n'est pas leur faute à elles...


--- Citer ---Il faut après voir le résultat que donne un pareil système. Si on jette un œil sur la répartition des licences selon l'âge dans les fédérations sportives, la situation est sans appel : après l’adolescence, les affectifs s’effondrent. La carotte n'a d'intérêt que tant qu'on croit qu'elle est due ; quand la réalité s'impose, tout le monde déserte car l'intérêt profond de la discipline n'a pas été inculqué.
--- Fin de citation ---

c'est en partie vrai, mais c'est loin d'être la seule ou principale cause...à mon sens, il faut aussi y voir une conséquence majeure de "l'hypersportivisation" d'une majorité de clubs d'AM...

les systèmes compétitifs, développés dans les AM sont quand même très pauvres techniquement(tout au plus une dizaine de techniques y sont travaillées régulièrement), comparativement aux AM dont ils sont sensés être issus...et souvent avec un règlement tellement idiot que l'arbitrage est...particulier...

quand tu prends un môme vers 7ans, que la seule chose dans laquelle tu l'entraines régulièrement, c'est cette composante sportive, que tu lui fais donc faire exactement la même chose à chaque cours, les 5, 7, 10ans qui suivent, que tu lui as présenté tous le reste(autres techniques, clés, projections, armes, autres optiques de travail, katas/taos, autres exercices spécifiques à l'école) comme des choses "qu'il faut faire pour les passages de grade" ou "parce que c'est la tradition", sans aucune forme d'explication réelle, donc que tu as réussi à l'en dégouter à mort...

ben le môme, devenu ado, il en a fait le tour de ton truc, il s'emmerde et il a bien raison...donc il plie ses gaules...

Vautour:

--- Citation de: nipaipo ---tout d'abord, on peut dire qu'il y a toujours eu une forme de hiérarchisation dans les écoles, même si elle se présentait de manière fort différente...d'abord à cause du rapport sempai/kohai, ensuite par le système des menkyo kaiden, enfin par le système des uchi-dechi/soto-dechi... c'est humain et nécessaire...
--- Fin de citation ---

Nécessaire : cela se discute, justement :)
Humain : si vous entendez par là instinctif, cela se discute plus encore.


--- Citer ---les dérives ne tiennent pas qu'aux ceintures(d'ailleurs il y a d'autres formes de dérives), mais aussi et avant tout au rapport qu'entretient le prof à ce genre de choses, rapport qui est souvent déviant pour beaucoup d'autres choses dans le cours...tu parlais de l'attitude de certains élèves? on a les élèves qu'on mérite...
--- Fin de citation ---

De même, je ne suis pas tout à fait d'accord.
On a peut-être les enfants qui nous ressemblent, en partie et avec beaucoup de nuances, parce que le parent joue une grande partie dans sa construction psychique; mais de nombreuses contraintes peuvent faire que des élèves aux comportements très variés vont rester dans le même groupe.
A la limite on a le chien qui nous ressemble.

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