Histoire du karaté - Shorin-ryu et Shorei-ryu

[JosephTribulat]

Bonjour,

Je suis débutant en karaté (shotokaï) et j’ai entrepris de lire quelques « classiques » pour mieux me repérer.

Or je suis perplexe à cause d’une phrase qui m’a l’air d’un contresens dans « L’Essence du Karaté » de G. Funakoshi, page 34 de l’édition de 2012 (Budo Editions). Il est dit :

En considérant les deux styles, le Shorei et le Shorin, dans une perspective de combat, il apparaît que le Shorei-Ryu […] met l’accent sur l’activité mentale […] alors que le Shorin-Ryu […] met l’accent sur la force.

Pourtant, quelques pages plus tôt, Funakoshi dit plusieurs fois l’inverse, comme ici page 26 :

Le Shorei-Ryu […] s’efforce de développer un corps fort […] tandis que le Shorin-Ryu met l’accent sur l’esprit.

Il me semble qu’au moins une de ces deux phrases doit comporter une inversion entre Shorin et Shorei. Laquelle ? Ou y a-t-il une subtilité de la part de Funakoshi qui m’échappe ?

[ombre en plein jour]

Bonjour,

Je suis débutant en karaté (shotokaï) et j’ai entrepris de lire quelques « classiques » pour mieux me repérer.

Or je suis perplexe à cause d’une phrase qui m’a l’air d’un contresens dans « L’Essence du Karaté » de G. Funakoshi, page 34 de l’édition de 2012 (Budo Editions). Il est dit :

En considérant les deux styles, le Shorei et le Shorin, dans une perspective de combat, il apparaît que le Shorei-Ryu […] met l’accent sur l’activité mentale […] alors que le Shorin-Ryu […] met l’accent sur la force.

Pourtant, quelques pages plus tôt, Funakoshi dit plusieurs fois l’inverse, comme ici page 26 :

Le Shorei-Ryu […] s’efforce de développer un corps fort […] tandis que le Shorin-Ryu met l’accent sur l’esprit.

Il me semble qu’au moins une de ces deux phrases doit comporter une inversion entre Shorin et Shorei. Laquelle ? Ou y a-t-il une subtilité de la part de Funakoshi qui m’échappe ?

Non. C'est plus compliqué que ça. Il s'agit d'indications d'origines, de lieux géographiques, de temples différents, de significations sinon ésotérique du moins symboliques, etc.

Si tu veux saisir cette problématique embrouillée, je te conseille l'ouvrage de référence de Lionel Lebigot, Aux sources du karaté, Fujian et Okinawa, 2017, p. 81-82.

[nipaipo]

embrouillé, embrouillé...comme vous y allez...

le cas du shorin et du shorei est différent...concrètement, l'arrivée/invention(puisque ce sont toujours des mélanges d'influences chinoises et okinawaiennes) du shorin est ancienne sur okinawa...faudrait que je relise mes références, mais il me semble que ça date au moins du XVème siècle et probablement plus loin...suffisamment ancien pour que les influences chinoises soient largement diluées et que pas mal de chose aient été modifiées ou oubliées...

le shorei est beaucoup plus récent,son arrivée date essentiellement du milieu/fin du XIXème...dans ses diverses variantes(higaonna->goju-ryu, uechi-ryu...) il a conservé pas mal de pratiques et outils liés à la formation du corps, qu'on trouve encore coté chinois et met peut-être légèrement plus l'accent sur le renforcement/endurcissement, oui...mais ça reste à la marge...

après...faut peut-être pas perdre de vue qui était Funakoshi, avant de s'attarder sur son "expertise/analyse"...

le hasard de l'histoire(création de la JKA...), a voulu que le shotokan se dissémine plus tôt et prenne l'importance qui est la sienne de nos jours...et c'est pour grande part, au travers de cette diffusion, que le personnage et ses textes, ont pris de l'importance...
maintenant s'il était connu comme fin lettré, en chinois comme en japonais(ce qui a aidé à sa reconnaissance au japon aussi), il n'est pas connu pour avoir été un chercheur ou un voyageur/explorateur, bref quelqu'un qui aurait pu avoir une approche pointue des divers systèmes de combat okinawaiens, tant techniquement qu'historiquement...Higaonna et Uechi étaient partis en chine, Miyagi y a aussi fait quelques recherches, Mabuni avait fait le tour d'une bonne partie d'okinawa et de ses experts du combat....entre autres...

donc disons que tout ça est à prendre avec beaucoup de recul... 

Ceci étant dit, je confirme le propos de mon collègue, concernant le travail historique de Lionel LEBIGOT, que j'ai déjà croisé à quelques occasions...on pourrait rajouter Jean-Charles JUSTER qui fait un gros travail de traduction des livres des grands Maitres/Experts okinawaiens de la fin XIXème/début XXème siècle.

si l'histoire des karatés t'intéresse, c'est plutôt de ce coté là qu'il faut creuser