Oui, et cela a eu le temps de mûrir, justement.
Cet échange qu'on a eu au jardin peut paraître anodin, m'a énormément apporté.
Imaginons une situation: garde gauche, pieds gauche devant, légèrement sur l'arrière. Lames identiques, 15 cm histoire de voir quelque chose.
Le premier couteau sert à "baliser" et le second à couper. Je ne suis pas du tout initié au maniement de couteau, j'vais dire des bêtises.
j'imagine donc que l'assaillant avance vers sa cible, rapidement en poinçonnant au départ, permettant ainsi de créer une ouverture ou un repli de sa cible afin de pouvoir achever son étreinte.
Difficile de décrire avec des mots, mais on peut se figurer la chose comme aussi bien des coups de lames alternatifs que simultanés. Je pense que la technique de l'appât (le contact d'une lame avec la cible) permet alors d'entrer dans son centre et de le piquer ou de le trancher.
Ayant été occupé à pas mal de choses ce week end, j'arrive un peu tard, après bien des interventions
L'exemple que tu proposes est à tester. Impossible de se rendre compte autrement.
On peut imaginer un grand nombre de possibilités, très différentes les unes des autres. Et
d'abord des contextes différents.
Personnellement (dans l'hypothèse où je déciderais de devenir un fort méchant agresseur) je n'irais pas attaquer quelqu'un avec deux couteaux, parce que je trouve cela absolument mal-pratique, tout simplement. Et j'irais encore moins les exhiber. Dans mes stratégies personnelles (que je ne vais pas dévoiler
), si je devais utiliser un couteau, l'autre main resterait libre, pour une plus grande liberté et versatilité de l'action. Je maintiens que, quelques soient les circonstances (sauf celles très particulières que j'ai évoquées plus haut et qui impliquent de grosses lames: hachoirs, mini-sabres) deux couteaux "normaux", c'est à dire, pour moi, des lames de de 8cm environ, sont un handicap, alors qu'une seule de la même taille + une main libre permettent une action rapide et furtive, très libre.
Je pense qu’appâter quelqu'un avec un couteau est une très mauvaise idée. C'est un peu le signe qu'on ne sait pas s'en servir ou qu'on n'a pas vraiment l'intention de s'en servir. Bien sûr cela n'empêche que ce peut être très dangereux mais cela reste un jeu de con. Ou on poignarde et c'est furtif et par surprise ou on s'expose aux aléas du jeu de con.
Ceci dit j'aime beaucoup le travail de nos amis italiens qui postent sur ce forum. C'est de la très belle manipulation, pleine d'idées, très excitante. Mais suicidaire dans des situations sérieuses. Même s'il existe chez ce sympathique peuple séducteur, un tantinet macho et aimant les défis et les poses, une tradition du duel au couteau. La pose, la montre, l'exhibition... confrontées à des intentions malveillantes réelles ayant un plus grand soucis d'efficacité, deviennent inefficaces. Parce qu'il n'y aura pas duel, mais assassinat furtif - ce qui montre un peu plus de bon sens et de sens de l'efficace. Et je
pense sais qu'en Italie comme ailleurs, les "questions sérieuses" ne se règlent pas par le duel
Dans les mains d'un expert je ne crois pas qu'un couteau est plus dangereux que deux. Deux mains ensembles sont plus rapides et dangereuses qu'une main à la fois.
A ce stade de la discussion, cher Niveau, une telle remarque d'ordre générale est un tantinet régressive. On ne peut pas raisonner à partir de notions pures dans un ciel abstrait d'où toute réalité (variété des armes, des gestes, des situations) a été bannie.
Je m'explique: que "deux mains ensemble" soient plus rapides et dangereuses qu' "une main à la fois", je suis tout à fait d'accord. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que mon goût me porte vers certains wing chun.
Que ces mains soient armées de couteaux, c'est une toute autre affaire
L'association des deux phrases ("Dans les mains d'un expert je ne crois pas qu'un couteau est plus dangereux que deux" + " Deux mains ensembles sont plus rapides et dangereuses qu'une main à la fois") contient un paralogisme
. Une affirmation péremptoire d'ordre général improuvable (on aurait pu dire aussi bien "Dans les mains d'un expert je ne crois pas que deux couteaux soient plus dangereux qu'un seul" - le mot expert, utiliser comme formule magique valide a priori n'importe quelle affirmation; le procédé est un paralogisme) plus une affirmation fondée sur l'expérience et facile à vérifier empiriquement. La fonction de la deuxième phrase est
par sa vérité de laisser croire que la première phrase a de la consistance (j'ai montré qu'elle n'avait aucun sens). On se sert du vrai pour justifier le faux. Voilà un second paralogisme.
Un troisième paralogisme enveloppe le tout: la magie mot "couteau": le couteau comme arme supérieure, parce qu'il signifie, à juste titre le danger. On glisse sans le dire l'affirmation selon laquelle le couteau est plus dangereux que la main. Cela a l'air au premier abord tout à fait censé; à l'examen, c'est moins évident.
Tant qu'on juge la dangerosité en soi, hors de tout contexte réel, on a raison (et c'est là que réside le paralogisme: dans la suppression des contextes). La lame coupe, pas la main. La lame est mortelle, la main peut l'être ("entre les mains d'un expert"
non, je ne vais pas vous faire le coup) mais pas autant.
CQFD
Maintenant, un peu de réalité...
Rappellons d'abord que contre des couteaux, on sera vraisemblablement coupé
Les deux mains avec couteaux sont-elles celles de l'attaquant ou du défenseur. Celles de l'attaquant. Passons. Ce n'est pas si intéressant que çà en a l'air. J'ai dit ce que je pensais de la
menace avec deux couteaux. Et quant à attaquer vraiment (lame cachée, furtive, etc.), un seul prouve une meilleure compétence. L'autre main immobilise la victime, c'est plus pratique sans couteau.
Passons au défenseur.
Rappelons d'abord que la puissance d'arrêt d'un couteau est à peu près nulle. L’ennemi dont on aura voulu se défendre avec un couteau sera peut être coupé, il perdre peut-être tout son sang, il mourra peut-être un quart d'heure plus tard. Mais en attendant, il est bien là. Et il frappe.
Contre un ou deux couteaux l'absence de couteau est plus adéquate de toutes façons (je rappelle que j’exclue la farce du duel, dont j'ai montré qu'il était un jeu de con dans une situation sérieuse). On peut saisir, ce qui est indispensable dès qu'il y a des lames. Les couteaux seraient un encombrant handicap. Ils feraient des mains des moignons. Des moignons coupants, mais des moignons quand même. Des crochets seraient moins stupides. Avoir un couteau ne protège pas contre les couteaux. C'est le pont et un protocole adéquat, particulièrement agressifs, qui peuvent venir à bout du ou des couteaux.
En gros, un protocole, c'est une entrée, une prise de contact, un pont qu'on va faire quelque soit la situation. Il couvre un grand nombre de possibilités. Surtout il permet de provoquer une situation donnant lecture de l'autre et dans le même temps un bref avantage. C'est quelque chose généralement d'assez personnel, qu'on a testé et affiné, qui convient à notre esprit et à nos capacités. Ceux qui font du wing chun auront peut-être remarqué que
siu lim tao et
chum kiu contiennent plusieurs modèles de protocole.
Toujours de jouer à l'dée d'être confronter à un agresseur possédant un couteau chaque main. Comme je dit toujours à mes élèves, toutes les techniques fonctionnent efficacement et toutes ces mêmes peuvent aussi ne pas fonctionner du tout.
Pour avoir un début de réponse à quoi faire face à l'individu aux deux couteaux, il faut établir en premier des scénarios d'attaques et présenter les techniques en conséquences.
Le problème c'est qu'il y a peut-être des centaines de scénarions possibles.
Donc si on veut jouer aux scénarios vs techniques de défenses, le jeu sera très long et sans intérets pratiques.
Tout à fait d'accord. D'où l’intérêt des protocoles.
C'est pour cela et je le redit encore, c'est plus une question de mental que de techniques physiques. Autrement dit: il faut contrôler (l'agresseur) mentalement (autosuggestion) et ça ce n'est malheureusement pas enseigner dans les écoles d'arts martiaux grand public.
Ici nous sommes le travail de l'énergie subtile.
Effectivement. Énergie subtile? Disons plutôt
travail subtil et énergie pas subtile du tout, très physique et torrentielle
Il faut contrôler l'adversaire, oui, et pas seulement mentalement